Plaidoyer en faveur d’une loi antitabac

2 February, 2017 - 00:11

Des journalistes, imams et acteurs de la Société civile ont appelé, mercredi dernier, lors d’un atelier d’information des media sur le projet de loi antitabac, organisé par l’Association Mauritanienne de Lutte contre la Tuberculose, le Tabac et le SIDA (AMALUTS), à une adoption rapide, par le Parlement mauritanien d’une législation en sens, favorisant la préservation de la santé.

La présidente de l’AMALUTS, madame la docteure Sinna Bolly, n’a pas manqué de constater le « triste et cruel paradoxe » du tabac, seule substance qui tue la moitié de ses consommateurs prématurément et qui demeure, pourtant, le seul produit toxique légalisée. « Le tabagisme constitue un réel problème de santé publique. Les chiffres révèlent, malheureusement, la terrible réalité, avec un taux de prévalence très élevé chez les jeunes ».

La mobilisation contre le tabagisme est, certes, l’affaire de tous mais elle doit, également et nécessairement, passer par l’adoption d’une législation complète. Sinon, le combat est voué d’avance à l’échec. Déposé, par le gouvernement, en Septembre 2012, le projet de loi est resté sans effet exécutoire. Loin d’être découragé par ce blocage, l’AMALUTS a entamé un plaidoyer, au sein de l’hémicycle, pour pousser les parlementaires à militer, conséquemment, à l’adoption de la loi. Ce qui a abouti à la fondation, en Décembre 2015, d’un groupe parlementaire chargé de la défendre. Madame Bolly a sollicité le soutien des media pour aider à débloquer la situation. Le président de l’Association des Journalistes Anti-Tabac (AJAT), Abdallahi ould Zoubeïr, a indiqué que les professionnels de la communication projettent de « faire, de l’adoption de ce projet de loi par le Parlement, une question d’utilité publique, afin de préserver la santé des générations présentes et futures. « Nous devons disposer d’une loi, forte et claire, pour en appliquer efficacement les clauses ». Il s’est dit convaincu que les productions des journalistes aideront à une meilleure prise de conscience des décideurs, quant à la nécessité de préserver la santé des jeunes générations.

Examinant le blocage du projet de loi, le vice-président du groupe parlementaire anti-tabac, Camara Aly Guéladio, a révélé que ledit projet avait été programmé pour discussion, lors d’une plénière, par la commission de la santé et des affaires sociales. Mais le département de la Santé a demandé la suspension de la discussion qui a donc a été retirée de l’agenda parlementaire. Présence de coquilles dans le texte ? Lobbying des forces d’argent impliquées dans le juteux commerce de l’empoisonnement légalisé ? Contexte politique de l’époque défavorable ? Mystère et boule de gomme. Camara Aly Guéladio insiste sur la mise en place d’une grande stratégie de mobilisation des organisations de la Société civile pour inciter les autorités à encadrer l’utilisation du tabac dans l’espace public et à prohiber, rigoureusement, sa publicité.

 

Clôturant la rencontre, la docteure Sinna Boly en a rappelé, une nouvelle fois l’objectif : sensibiliser sur les graves et réels dangers que fait courir le tabac, à l’homme, à la société et à l’économie ; avant d’encourager toutes les parties à déployer, chacune à partir de sa position, tous les efforts nécessaires pour faire adopter une législation qui en limite les méfaits, remerciant, au passage, tous ceux qui ont contribué à l'organisation de cet atelier, en particulier les partenaires.