FNDU : Déclaration

1 February, 2017 - 19:36

La Mauritanie constitue, en raison de sa position géographique et stratégique, de ses réalités économiques et sociales, et de son héritage historique et civilisationnel, un point de rencontres et d’équilibre dans la région et, de ce fait, son intérêt, sa vocation et sa force résident dans l’adoption d’une diplomatie de bon voisinage et de la main tendue pour la fraternité et la coopération avec l’ensemble des pays voisins dans le respect des intérêts mutuels et des avantages réciproques.

Notre souhait est que la Mauritanie soit digne de la confiance de tous ses voisins et contribue à leur tranquillité, qu’elle constitue un facteur de cohésion et de stabilité dans la région, car ainsi seulement elle pourra acquérir la position et le prestige diplomatiques véritables et donc l’estime et le respect de tous au niveau international. Notre souhait est qu’elle soit un carrefour commercial entre le nord et le sud du Sahara car ainsi seulement notre pays, dont la population ne dépasse guère les quatre millions d’habitants, pourra se développer économiquement et progresser technologiquement dans un monde caractérisé par l’ouverture et la mondialisation. Notre souhait est, enfin, qu’elle demeure, comme elle l’a toujours été, une terre de rencontres et de fécondation mutuelle entre les civilisations arabe et négro-africaine dans le cadre de l’Islam tolérant et modéré.

Depuis la prise du pouvoir par Mohamed Ould Abdel Aziz, nos relations internationales ont été marquées par des orientations qui sont devenues une source d’inquiétudes à la fois pour les patriotes mauritaniens et pour l’ensemble des observateurs soucieux de l’intérêt du pays. Une telle situation s’est manifestée, de manière évidente, par la détérioration de nos relations avec les pays frères et voisins, ainsi qu’avec les amis traditionnels.

Ainsi nos relations extérieures ont connu des tensions dont les raisons demeurent inexpliquées avec l’Algérie et le Mali et les tensions avec le Royaume du Maroc demeurent malgré les manifestations de bonne volonté exprimées et la main tendue fraternellement par ce pays suite aux déclarations – au demeurant inacceptables - de Mr Hamid Chabat Secrétaire général du parti Istiqlal. Et voici que la tension avec le Sénégal s’aggrave à nouveau suite à la médiation entreprise par le chef de l’Etat Mohamed Ould Abdel Aziz dans la crise gambienne.

La solution pacifique de cette crise a été unanimement saluée, car elle signifie la libération d’un peuple pris en otage par un despote pendant plus de deux décennies. Mais on est en droit de se demander ce que la Mauritanie a en définitive gagné suite à cette médiation. Devions nous œuvrer à sauver Yahya Jammeh et à lui permettre de piller ce qui restait des biens de son peuple ou bien tendre la main au peuple gambien et à son président élu ? Quel intérêt a notre pays à envenimer ses relations avec notre voisin, le Sénégal, les nouvelles autorités gambiennes et les autres pays de la Communauté ouest-africaine pour une question qui, en définitive, ne nous regarde point, à savoir l’intervention de la CDEAO dans un pays qui en est membre, sur demande expresse de ses autorités légitimes, sur la base d’un mandat du Conseil de Sécurité et avec la bénédiction de toute la Communauté internationale. Pourquoi exagérer le fait que nous avons évité à la région une guerre dévastatrice quand on sait que le Chef d’Etat-Major de l’armée gambienne avait lui-même déclaré que ses forces ne tireraient pas un coup de feu contre celles de la CEDEAO en cas d’intervention pour destituer Jammeh, engagement qu’il a effectivement tenu.

Nous sommes conscients, au FNDU, de la perturbation et de la confusion qui caractérisent le comportement de Ould Abdel Aziz dans sa recherche des voies et moyens lui permettant de poursuivre sa mainmise sur le pays après la fermeture devant lui des portes d’un troisième mandat . Nous savons qu’il n’hésitera donc pas à provoquer des crises tant au plan interne qu’externe afin de créer une situation où son maintien au pouvoir apparaitrait comme nécessaire à la stabilité du pays.  En conséquence :

  • Nous exprimons notre profonde inquiétude face au discours diffusé par les médias officiels et les milieux proches du pouvoir caractérisé par la tension, les menaces et les démonstrations de force face aux pays frères et amis, parallèlement à la création de conditions propices aux conflits internes par la reconnaissance de partis racistes et sectaires affiliés au pouvoir ainsi que par l’encouragement de l’extrémisme et son acceptation comme partenaire aux dépens des voix de la sagesse et de la modération.
  • Condamnons avec force la création de crises diplomatiques en rapport avec des calculs étroits et des manœuvres devenues évidentes aux yeux de tous.
  • Rejetons fermement la prise en otage des intérêts des communautés expatriées et leur utilisation comme arme contre leurs pays d’origine et ce afin que soient garanties les vies et les intérêts de nos communautés à l’extérieur et que soient préservées la réputation et les traditions d’hospitalité et de générosité de notre pays.

 

Fait à Nouakchott le 1er Février 2017

 

La Commission Exécutive