Trois questions à Bellahi Dahane président du parti alliance pour la démocratie (PAD) : ‘’Les usines de Moca empoisonnent la vie des populations de Nouadhibou et sont un désastre écologique’’

19 January, 2017 - 01:50

Le Calame : Depuis quelque temps, les usines de fabrication de la farine de poisson (MOCA) défraient la chronique  à Nouadhibou. Vous  menez une  campagne  contre  les usines  qui,  selon vous, menacent  la santé des populations de notre capitale économique. De quoi s’agit-il exactement  et  comment se déroule  votre   combat sur le terrain?

Bellahi Dahane : Effectivement, je suis en train de mener depuis quelque temps une campagne contre les  usines de   fabrication de la farine de poisson, appelée en langue russe Moca. Ces usines empoisonnent la vie des populations  de Nouadhibou  et  sont un désastre écologique d’une invraisemblable ampleur sur la santé des populations et  sur leur  environnement. De surcroit, ces populations  sont aujourd’hui  ruinées pour le seul  bénéfice d’un affairisme prodigieusement improductif, stérile pour le développement industriel  de la région.  Ces usines sont une insulte au droit  environnemental saint  et une grave et persistante violation  des règles  environnementales,  du droit national  et international.

- Pourquoi, en dépit des cris de détresse  des lanceurs d’alerte comme vous, le gouvernement se refuse de procéder à la fermeture de ces usines  ou du moins de les règlementer ?

-C’est très simple, parce que  premièrement  ça  appartient à des  étrangers  qui exploitent ces usines. Deuxièmement il y a également  des mauritaniens qui se cachent derrière d’autres gens  qui  ne  veulent pas apparaître au grand jour. Malgré les appels de détresse des éminentes  personnalités  locales,  conscientes du danger que représente ces usines,  l’Etat ferme les yeux et  laisse se perpétuer ce scandale éhonté. Il faut arrêter ce scandale pendant qu’il est encore temps. Aussi  enfin parce que ça fait des  rentrées  importantes d’argent  pour  la zone franche, pour  la douane et pour les  exploitants qui, apparemment, ne se préoccupent nullement de la santé des populations alors que cela occasionne  des maladies, des lésions et contagions cutanées, des cancers de poumons etc.

-Quelles conséquences peuvent engendrer  les nuisances de ces usines  de MOCA sur la santé populations riveraines ?

-Ces usines dégagent  dans l’air, des odeurs  toxiques  insupportables et cancérigènes. Et comme vous le savez, il y a des  seuils de toxicité qui sont  tolérés, mais chez nous, personne ne s’en préoccupe, hélas.  Ces odeurs font   très  mal aux yeux ;  moi,  j’habite ici, je peux l’attester  pour en être une  victime. Mais, ni  l’Etat,  à travers son  département de l’environnement, ne se soucie  du sort de ces pauvres populations laissées à elles-mêmes.  Ce qui  préoccupe tout ce beau  monde  impliqué  dans ce scandale, c’est encaisser l’argent, constituer un pôle où travaillent ces usines  et  en tirer le maximum de profit. Comme je l’ai  dit tantôt, ces  usines sont  un désastre écologique  par conséquent  affectent  gravement l’environnement  et  détériorent  la  santé des populations locales. Les odeurs de ces usines  occasionnent des cancers des poumons et   les malades  atteints d’asthme  ont, pour certains  choisi de quitter la ville à laquelle ils étaient tant attachés. Or il est interdit par la loi de broyer tout le poisson, il faut seulement  utiliser les entrailles, et congeler le reste, mais ici, ils prennent le poisson vivant et ils le broient. C’est extrêmement  grave pour le pays et pour sa ressource. Ces hommes d’affaires  impliqués dans ce scandale doivent  prendre conscience du risque qu’ils font courir pour leur pays et prendre des mesures de contrôle draconien au sein de ses usines, sinon, les populations de Nouadhibou vont fuir. Je lance un vibrant appel à l’ensemble de la communauté nationale et internationale pour aider Nouadhibou à stopper ce scandale, ce désastre écologique.

Propos recueillis par DL