Calamités…. Calamités…. Calamités…

19 January, 2017 - 01:49

Après vingt-deux jours de vacances dans la « brousse » du Tiris, le Président revient. Avec, disent les rumeurs, la tête pleine de nouvelles/anciennes idées. La belle étoile, le lait de chamelle, l’intimité des amis et de la famille lui ont certainement permis de se requinquer, après plusieurs mois d’intenses activités en tous goûts et couleurs. A défaut de communication officielle, la rumeur est, en Mauritanie, reine. D’autant plus que, généralement, tout ce qui se raconte, dans les salons, la rue, les bus ou les taxis, finit par advenir, même après quelques décalages de forme, pour entretenir la diversion. Ainsi, les spécialistes des « on-dit » parlent d’un grand chambardement gouvernemental qu’Ould Abdel Aziz compte réaliser d’ici quelques semaines. Certains partiront. D’autres viendront. La vie est comme ça. Dans la présentation de la politique générale de son gouvernement devant l’Assemblée nationale (qui ne serait, disaient les rumeurs, qu’un copié-collé de celle de 2016), le Premier ministre a déclaré que le pays va très bien et se porte comme un charme. La situation des secteurs sociaux (éducation et santé), les conditions de vie des citoyens (cherté des denrées de première nécessité et du carburant), le chômage des jeunes, la dépréciation de la monnaie nationale, le projet de débauchage de milliers de fonctionnaires de certaines sociétés publiques, le recours à la vente des écoles et la surtaxe fiscale sont, pourtant, des faits incontestables. Mais, madame la marquise, tout va très bien, tout va très bien. A part cela, il faut que l’on vous dise, les tensions communautaires et l’exacerbation des sectarismes, sur fond de la résurgence de la tribu et des formations politiques qui véhiculent des discours carrément haineux et diviseurs, la fissuration des valeurs qui unissaient les composantes de notre peuple et autres infiltrations de courants idéologiques semant les germes d’une implosion sociale imminente, ne plaident pas pour cette bonne santé si vantée par le Premier ministre. Le Président a renoncé, disent encore les rumeurs, à l’organisation d’un référendum populaire pour passer ses amendements constitutionnels. Consultation trop coûteuse. Un argument qui contredit cependant le Premier ministre évoquant, lui, plusieurs dizaines de milliards « couchés tranquillement » dans les caisses publiques. Le premier des Mauritaniens ne voudrait-il prendre aucun risque ? Le plus sûr étant de passer par « messieurs les honorables députés », à travers une session parlementaire extraordinaire que le très zélé El Khalil ould Teyib aurait déjà annoncée pour très imminente. Ould Teyib qui a jeté un pavé dans la mare, remontant, à la surface de l’actualité, la fameuse histoire du troisième mandat : aucun autre homme que Mohamed ould Abdel Aziz, a-t-il lancé, ne peut gérer l’après 2019 ! Ajoutant que l’actuel Parlement n’est certainement pas le plus « exemplaire », ni dans sa composition ni dans ses prestations. Le Forum National pour la Démocratie et l’Unité (FNDU) considère, lui, que l’octroi du gouvernement de terrains aux parlementaires est une « corruption à visage découvert », illustrant la logique du pouvoir pour qui « tout s’achète et tout se vend », précisant « qu’elle méprise les représentants du peuple et les humilie, en traitant, avec eux, devant l’opinion, comme s’ils étaient des vendeurs de conscience ». 2019 se profile déjà à l’horizon. Les temps vont vite. Ould Abdel Aziz a-t-il dit « quelque chose » sur la fin de son deuxième et ultime mandat ? Les avis sont mitigés. Au moins, une chose est sûre : personne ne sait ce qui trotte dans sa tête. Au Congo, les manœuvres viennent d’octroyer, à Kabila, un an de plus, à la faveur d’un dialogue avec une partie de l’opposition. En Gambie, les proches de Jammeh viennent de le convaincre de faire volteface, après avoir reconnu sa défaite. Les déclarations à fleuret moucheté de certains très proches du pouvoir mauritanien –  porte-parole du gouvernement et personnalités de la majorité – sur la possibilité, voire l’exigence, d’un troisième mandat pour Aziz, sont à prendre au sérieux. Surtout que personne, dans le sillage d’un président réputé impulsif, ne peut avoir la témérité de dire, tout haut, ce qu’il n’a pas entendu se raconter, quelque part, tout bas. Wait and see.

Sneïba El Kory