Autour d'un thé

12 January, 2017 - 01:15

Tout le monde peut faire le fou. Pas plus belle expression qu’« Affoler sa tête » ou « Mélanger sa tête avec du tissu » ! Belles tournures. Et le « beau », dans « ça », est qu’elles ne sont pas propres aux hommes ordinaires. Il n’y a pas que les « junks » de la Kebet Marbat ou de Cocody qui affolent leur tête ou la mélangent avec du tissu. Les présidents africains en font de même. Très bien, d’ailleurs. Avec une expertise à rendre jaloux tous les fous du monde réunis. Qui dit Président dit homme d’affaires. Puisque la bourse, c’est avec celui-ci ou celui-là. Il n’y a que les Présidents et les hommes d’affaires qui peuvent en délier les cordons. Le nerf de la guerre, l’argent, l’incontournable en tout, c’est leur ami. Hé ! Ce n’est pas facile d’avancer dix millions d’euros contre de l’aléatoire ! Comme ça. Carte sur table. Comme au poker menteur. Ce n’est pas facile de reculer devant tant de jolies petites coupures bien empaquetées. Il faut être très peu gourmand pour refuser tout ce magot. La gabegie ? A bas ! La corruption ? A bas ! La malversation ? A bas, vive la Rectification ! Y a quand même une leçon à tirer de ces billets si fous. Si aventuriers. A ce point imbéciles pour se faufiler si imprudemment jusque sur le bureau du Président. Ça manque de vigilance, aux postes de la Présidence, dans les couloirs de la Présidence, au cabinet de la Présidence. Comment des dizaines de millions peuvent passer comme ça, si inaperçus, jusqu’à s’asseoir, confortablement, sur le bureau du Président ? Hé ! Nous ne sommes pas la Côte d’Ivoire ! Nous ne sommes pas le Gabon, nous ne sommes pas la Guinée équatoriale ! Le PANPA, ce n’est pas le Port de Dakar ni celui d’Abidjan. Là-bas, c’est le Franc cfa. Ici, c’est l’Ouguiya. Pour acheter, il faut de l’Ouguiya. Ce n’est pas comme là-bas, chez eux où l’Euro, fils et petits-fils s’entendent à qui mieux-mieux. Je suis à peu près certain que Bolloré ne connaît pas l’adage populaire de chez nous : « Qui entre dans une forêt doit gazouiller exactement comme ses oiseaux »… Mais revenons à la « folie de la tête » des grands de ce bas monde. Nous, Bilad Chinguitt ; nous, les chantres de la lutte contre la gabegie ; nous, les promoteurs de la gestion saine et assainie ; nous voilà, comme ça, mine de rien, devenus le petit mur que chacun vient sauter. Omar Sahraoui nous parle de transfert de millions d’euros. Le Premier ministre libyen confirme avoir donné deux cents millions de dollars, à la Mauritanie, plus vingt-cinq autres millions, à la Présidence nationale, pour avoir la main sur Senoussi. « La longueur de notre pied » nous a menés au Ghana où les gens parlent de quelque malle d’argent, ministre du gouvernement, haut gradé de l’armée et autres ragots de ce genre. Puis encore un député français, Noël Mamère, qui mélange sa tête avec du tissu, en accusant pas n’importe qui d’implication dans des affaires de drogue. Et Bolloré vient aussi sauter le petit mur que nous sommes ! Sans « qu’une chèvre n’écorne une chèvre ». Comme ça il part, Bolloré, « ses mollets forts ». Et « qui t’a fait quelque chose, ô voleur de la Nuit ? » : « affoler sa tête, la mélanger avec du tissu » est une technique qui rapporte. Même les Congolais le savent. La preuve : Etienne Tshisekedi et les autres l’ont appris à leurs dépens. Kabila a affolé sa tête et l’a mélangée, copieusement, avec du tissu. Résultat : Président douze mois de plus ! Le temps de guérir, en attendant de « ré-affoler sa tête à nouveau et de la « re-mélanger avec du tissu », pour continuer à « présider », au pays du pépé décalé, de la danse du ventre et des hanches. Il est plus facile d’être fou que d’être président. Quelle nuance y a-t-il entre un fou président et un président fou ? Aziz va chez Jammeh – qui se ressemblent s’assemblent – pour lui dire de ne pas affoler sa tête et de ne pas la mélanger avec du tissu. Elections. Résultats. Défaite. Félicitations à l’adversaire. Puis désistement. Contestation. Refus catégorique de quitter le pouvoir. Si ce n’est pas de la folie, c’est quoi, dites-moi ? C’est, peut-être, que la « potion » est retournée « sur » le guérisseur. Sait-on jamais...