Lettre de Brahim Ould Boidaha* à Monsieur Jean Félix Paganon à Nouakchott et Tasiast_Communications@Kinross

24 November, 2016 - 01:38

Objet : danger mortel-cyanure 

Chers Messieurs,

 

 J’ai appris grâce à la presse votre communiqué du 10 novembre 2016 concernant une consultation publique pour présenter le projet de Tamaya, nouveau gisement d’or découvert par Tasiast Mauritanie Limited (TML) filière de Kinross. Je n’étais pas informé malheureusement avec probablement d’autres et malgré l’importance que  j’accorde à cette région. Ceci confirme encore l’insuffisance de vos communications dans le domaine de vos activités et votre communiqué est antérieur au lieu d’être postérieur  à l’événement de la consultation de Benichab que ce soit dit en passant.

 

Ce gisement a été annoncé par la presse, il y a quelque temps, se situe au sud de la mine exploitée par TMLSA- Tasiast et appartenant à Tasiast Mauritanie Limited, filière de Kinross, donc une entreprise distincte juridiquement de TMLSA malgré leur parenté d’origine. Il s’est avéré que la création de TML avait pour objectif principal la multiplication   probablement  des chances sur l’or mauritanien.

    

 Cet aspect statutaire pose plusieurs problèmes d’ordre juridique d’abord et administratif ensuite. Et, son entité titulaire de la licence d’exploitation d’un nouveau gisement d‘or au centre d’une zone habitée par des populations et leur cheptel  l’oblige normalement à satisfaire préablement les conditions indispensables pour l’exploiter en commençant par une enquête ’’commodo-incommodo’’ pour mesurer les impacts négatifs ou toxiques sur les populations et l’environnement.

 

Son contrat de traitement avec TMLSA transfert ipso- facto à cette dernière la responsabilité de la gestion tous les risques découlant de son activité et de l’utilisation du cyanure indispensable à ses opérations de production.

         

          - Sur le plan juridique : est-  elle dans le territoire dépendant de l’autorité de Chami ou dans la poche construite par les laudateurs de TMLSA et rattachée à Benichab pour des raisons non précisées, même si, elles sont aussi claires que l’eau des roches ? Là, Il y a une certaine confusion créée par le ministère des mines qui attribue tout ce qui est mine de la 8° région à l’Inchiri probablement par ignorance de la topographie géographique et humaine de cette région.

         -Sur le plan administratif : la lecture du décret ou l’arrêté définissant le champs de compétence de Chami répond à la première question et élucide le statut administratif de TML dans la zone  de compétence de l’autorité qui doit l’administrer.

        -Tamaya qui porte le nom du projet est sur le flan ouest du cordon de l’Azefal,  est situé au sud- est du site de TMLSA. Si, le gisement de TML touche ou pénètre en partie dans le périmètre de TMLSA au niveau de Tamaya, la détermination de la compétence entre Benichab et Chami se fait normalement par un arbitrage juste en faveur de celui qui a la plus grande surface.

 

Certes, le gisement de TMLSA est rattaché à Benichab administrativement et sa sécurité est assurée  par Nouadhibou, comme par le passé, via Chami maintenant. Mais il est clair que le lien financier entre les deux  ne peut  conférer à TML aucun avantage de ceux dont bénéficie TMLSA, ni partage de responsabilité du risque parce que ce sont deux sociétés juridiquement distinctes, même au niveau de l’octroi des licences. Leur rapport se limite normalement à un contrat commercial de traitement de la production de TML. Cette précision est nécessaire pour éviter toute confusion qui pourrait planer dans l’air de TASIAST.

 

L’observation de l’anatomie du risque du traitement de l’or dans la zone  de Tasiast concerne sur le terrain,  de prime abord, la responsabilité de TMLSA et strictement  les populations autochtones résidentes depuis des siècles sur les lieux  et les travailleurs sur le site. Il est remarquable que ces ensembles n’ont pas été associés, ni leurs élus ainsi que leur administration de tutelle selon votre communiqué.

 

Ces populations rurales dépendent historiquement, administrativement, juridiquement et politiquement de l’autorité de Nouadhibou. La création de la préfecture de Chami répondait à une nécessité de décentralisation pour approcher l’administration du citoyen, chose bénéfique. L’absence de ces importantes populations, de leurs élus et de leur administration de cette consultation est une erreur grave dans la procédure de cette consultation dite publique et une entrave à la circulation de l’information, or ils sont les premiers concernés sur le terrain.

 

Populations sérieusement menacées avec leur cheptel des effets mortels du cyanure d’hydrogène et du chlorure de cyanogène dont les risques seront augmentés sensiblement par la mise en œuvre de l’exploitation du gisement de TML. IL s’ajoute à tous leurs déboires le malheur de l’exclusion : des retombées économiques, de l’emploi, des soins, de la protection contre la propagation des effets négatifs connus du traitement au cyanure du minerai. Ces autochtones se trouvent actuellement dans une situation de hères sans aucune attention à leur sort, ni à la destruction de leur environnement traditionnel, état de choses qui influe sur leur vie quotidienne et leur bétail.

 

Il est évident que les problèmes de santé et les malheurs qui se posent avec acuité aux populations de Tijirit, l’Azefal, Tasiast et aux travailleurs ne peuvent être solutionnés par Benichab  nullement concerné par des populations qu’il n’administre pas d’où la responsabilité de TMLSA est plus grande, seul opérateur sur les lieux de gain et du risque humain.

 

Le gain est certes attrayant et même aveuglant mais il devient amer, s‘il est au prix de sacrifier des vies humaines et du cheptel, seul moyen de survie des populations dans cette zone rurale de la Wilaya de Nouadhibou.

 

Il est à noter que le contrat de traitement de la production de TML par TMLSA transfère de facto la responsabilité de gestion de tous les risques à cette dernière. De ce fait, TMLSA devient l’unique opérateur dans ce domaine et par cette qualité, elle est aussi le vecteur  du bien et du mal.

 

 Dans cette position stratégique, TMLSA doit nécessairement être attentive au culte de la paix sociale apaisée par le respect des intérêts des autres et particulièrement les populations frustrées entre lesquelles elle a installé  ses infrastructures importantes assurant une production rentable sans aucun doute à court et long termes.

 

A ce titre, selon nos informations et celles d’autres observateurs, le risque  d’intoxication dû au cyanure est latent et ses effets mortels peuvent n’apparaitre que dans les 10 à 15 ans prochains. N’est- il pas plus prudent pour TMLSA d’observer une halte pour le temps nécessaire lui permettant de commanditer une enquête commodo- incommodo auprès d’un organisme spécialisé dans la pollution de l’environnement du site de TASIAST et mesurer l’état des lieux depuis Août 2010 à ce jour avant de lancer l’exploitation  de TML?

 

 Cette démarche présente l’avantage de repartir sur des bases claires après une expérience de 6 ans d’exploitation et d’obtenir des indices  calculés  et mesurés de ses risques pour l’avenir de TMLSA et TML. Durant ce laps de temps TML se prépare à se mettre à jour, si, ce n’est pas déjà fait. Mais, il nous  semble aussi   que la consultation doit être reprise à Chami pour corriger les erreurs et les lacunes de celle de Benichab.

 

Nous demandons à TMLSA, qui pilotait la consultation de Benichab, de consigner nos questions, nos remarques et observations sur le livre ouvert à ce sujet, après la réunion qui a eu lieu le 9 novembre 2016 à Benichab, en ajoutant toute notre disponibilité d’œuvrer et de déployer les efforts nécessaires pour trouver des solutions équitables aux problèmes dus à l’exploitation de l’or dans la  zone rurale de la Wilaya de Nouadhibou.

 

Les populations frustrées, agressées dans leur zone d’habitat naturel et ancestral sont en droit d’être dédommagées à juste valeur pour les risques mortels qu’elles encourent avec leur bétail. Etant doublement concernés, nous demandons TMLSA de prendre les dispositions nécessaires,  indispensables à ce sujet et de nature à sauvegarder   des vies  humaines  menacées avec leur cheptel des effets multiples  de la propagation du cyanure reconnu  mortel.

 

 Il ressort de cette situation, le droit des populations a bénéficié de dommages et intérêts évalués sur l’importance du risque depuis Août 2010 à Décembre 2016 et sa projection sur la durée de vie de TMLSA et TML.

 

Si, nos appels,  nos observations, remarques et suggestions ne sont pas pris en compte ou non- compris dans le bon sens, la voie judiciaire est ouverte et nous conseillons à TMLSA de ne pas nous pousser  jusque là. Dans l’espoir d’une bonne compréhension de notre message dans l’intérêt partagé de tout le monde, recevez, chers Messieurs, l’expression de nos meilleures salutations.

                                                               

                                                                                        Brahim Ould Boidaha

Ref : sécurité populations _ Tasiast

Ampl : Le Wali de Nouadhibou

          Le Journal Le Calame

 

 

 

 

Nouadhibou, le 10  novembre 2016

 

Notable et Président de l’ONG Zakia,

Consultant en droit de travail et gestion

d’entreprise dans la région de Nouadhibou

Télé : 22031512/47414673

Email : brahimboidaha@gmail.com