Autour d'un thé

10 November, 2016 - 00:57

Ça fait quoi de dire que la hyène est sotte ? Complètement idiote. Mondialement stupide. C’est quand même quelque chose d’être reconnue comme ci ou comme ça. A gauche ou à droite. En profit ou en perte. L’essentiel, c’est d’être quelque chose. De faire du mal ou du bien. Ne pas être comme le service de l’autre, juste un papier blanc. Ni comme l’entonnoir d’Aderss qui ne fait ni fléchir ni infléchir. Qu’on dise, au moins, que tu as fait ou n’as pas fait. Bon, évidemment que cela ne peut être que l’un ou l’autre. Mais qu’on le dise, suivant la logique de Dame Hyène dont l’intelligence ne se manifeste que lorsqu’il s’agit de trancher une affaire de ventre. Si Dame Hyène était au dialogue, que de propositions alléchantes allait-elle faire, pour parfaire nos fondamentaux constitutionnels et démocratiques ! Que de croustillantes recommandations ! Que de succulentes exhortations, sorties du fond de ses entrailles, allaient être offertes à tant de ses « semblables » ! Au monde des « Gravive », on n’est jamais dépaysé. La légende populaire dit qu’un jour, la hyène partit à la chasse. Après une rude journée de recherches en tous sens, là voilà pourvue d’un extraordinaire butin : trois grosses prises. Mais, comme la hyène se veut bonne démocrate, écouter l’avis du peuple, prendre le point de vue de tout le monde, la majorité, l’opposition ou, à défaut, une partie de l’opposition – la hyène connaît bien l’adage selon lequel, à défaut de grives, on mange des merles – elle organise un dialogue. Pour partager son butin. Démocratiquement. Voici les règles du jeu. En un : l’une des prises me revient de droit. En deux : l’autre est mon privilège. Et la troisième, à celui qui dit en premier : elle est à moi. Et la hyène dit, la première : elle est à moi. Voilà comment la hyène a trouvé comment faire démocratie, dialogue, concertation… et tout garder pour elle. Qui a proposé de changer d’hymne national ? « Ella » Aziz. Qui a proposé d’imprimer deux petites bandes rouges en bout de drapeau ? « Ella » Aziz. Qui a demandé à se débarrasser du Sénat ? « Ella » Aziz. Qui a proposé de lancer, à la poubelle, Médiation de la République, Haut conseil islamique et autres institutions ? « Ella » Aziz. Qui a commencé, sans personne, et finit, sans personne, le dialogue ? « Ella » Aziz. Qui s’est autoproclamé président des pauvres ? « Ella » Aziz. Qui n’a peur de personne ? « Ella » Aziz. Qui clame ne pas aimer l’argent ? « Ella » Aziz. Qui a, par deux fois, suspendu la Constitution par coup d’Etat ? « Ella » Aziz. Qui a voyagé chaque semaine ? « Ella » Aziz. Qui a pris une balle amie dans l’estomac et pardonné, sur son lit, à son agresseur ? « Ella » Aziz. Qui connaît Ghanagate et Senoussigate ? « Ella » Aziz. Qui ne veut pas d’un troisième mandat ? « Ella » Aziz. Qui fait des projets avec ses joues ? « Ella Aziz ». Qui est la Mauritanie ? « Ella » Aziz. C’est quoi, la Nation ? « Ella » Aziz. Le drapeau, l’hymne national, l’économie nationale, la souveraineté, l’indépendance, la constitution, l’armée ? « Ella » Aziz. « Ella » Aziz, « Ella » Aziz, « Ella » Aziz. Hactag ou hach hach vingt, comme disait l’irrésistible Zao, c’est tout comme. Le peuple est comme ça. Surtout ici. Pas là où je suis assis : ici, chez nous, en Mauritanie. La culture de la flagornerie de tous. Sauf celui que ton Allah bénit et entoure de Sa miséricorde. Les « Ella » Aziz de ce maire a eu ses précédents. Il y a eu « Ella » El Mokhtar. Il y a eu « Ella » Haïdalla. Il y a eu « Ella » Maouiya, en prose et en poésie. A qui la victoire ? A qui la gloire ? A qui le pouvoir ? « Ella » le Président. Il y a eu « Ella » Ely. Il y a eu « Ella » Sidi. Il y a eu les phrases chefs-d’œuvre de la flatterie. Il y a eu les attitudes chefs-d’œuvre de la flagornerie. Impossible de les ressasser. Impossible de les oublier. Les belles œuvres et les beaux artisans. Ces incontournables caméléons à forte carapace, « coupée » dans l’inoxydable fer.