Régularisation des fonctionnaires et agents de l’État victimes des événements de 89 :La direction de la fonction publique accusée d’«obstructions!»

28 October, 2016 - 01:57

La direction de la fonction publique et de la formation créeraient des « obstacles artificiels » pour bloquer le règlement des dossiers des victimes des événements de 1989 qui, il faut  le rappeler, ont conduit  nombre de fonctionnaires et agents de l’État à la déportation ou à la révocation pure et simple. C’est du moins ce qu’apprend le Calame auprès de sources bien informées et proches du dossier.

Pour ce faire, le directeur de la fonction publique et celui de la formation exigent des victimes une décision de licenciement, un recensement au niveau de l’ambassade de Mauritanie au Sénégal après la déportation,  ou une carte de réfugié,  un contrat d’embauche avant le licenciement ou l’exil au Sénégal. Parfois, ladite direction évoque une première   ou une deuxième liste. Ces responsables exigent ces documents disent-ils  pour les  confronter à la liste que l’ANAIR de l’époque,  ou Tadaamoun aujourd’hui ont fait parvenir  au gouvernement qui, il faut le rappeler avait ordonné, lors d’un conseil des ministres du 20 septembre 2012  de parachever le processus  de  règlement de ce  problème. Dans ce cadre, une lettre circulaire, N° 00019/13, en date du 3 Décembre 2013, avait été encore adressée, aux différents établissements, leur rappelant de se conformer à la décision de l’Etat de « promouvoir des mesures  en faveur des employés victimes des  événements de 1989. » Il s’agit, «concrètement», pouvait-on lire dans ce document, d’«indemnisations, de réintégrations, régularisations de situations statutaires, droits à la retraite, selon les cas ».

« Ces responsables qui exigent de nous toute  cette paperasse n’ignorent pas les conditions dans lesquelles  nous avons été déportés ou licenciés ; c’est simplement pour créer des blocages au dossier que le président de la République a ordonné de régler », tempête une  victime.

Mêmes si certaines victimes ont  été « régularisées », plus de 131 sur 224,  seulement en 2015 et début 2016, d’autres continuent de courir derrière la fonction publique qui,  visiblement  traîne les pieds pour envoyer les listes à la direction du budget pour  règlement. Les responsables de la direction de la fonction publique ne voudraient même pas voir les victimes traîner dans leurs locaux, affirme notre source qui rapporte  un cas très pathétique d’un douanier malade depuis longtemps  et dont la sœur court inlassablement  derrière la fonction publique qui aurait refusé de régler le problème, ceci  en dépit de l’existence d’un fond  de dossier bien fourni et des témoignages d’anciens collègues de service. Même son ancien chef de service  et d’autres  organisations  seraient  venus plaider  en sa faveur auprès de la direction de la fonction publique. En vain ! signale notre  source.

A en croire notre source, le président du Haut Conseil de  la Fatwa et des recours gracieux  a joué  un rôle déterminant  pour décanter  la situation. La Mauritanie, ajoute-t-il  se passerait  bien  des dialogues si tous les responsables mauritaniens s’acquittaient, chacun en ce qui le concerne,  de leur devoir comme le fait ce  haut responsable.

Notre source indique par ailleurs, que le chargé de mission à la présidence, Ould Ahmed Daamou suit le dossier et passe souvent à la direction de la fonction publique pour accélérer le processus, conformément aux instructions du président de la République.

Le nombre de victimes est  estimé  à 224 (ancienne liste)  à laquelle serait venue s’ajouter  une autre liste venue de Tadaamoun et que la fonction publique appelle dans son jargon, la nouvelle liste.

Notons enfin que le dialogue qui vient de se terminer à Nouakchott a recommandé, même si la formulation reste très prudente voire méfiante, de faire lever les obstacles au règlement de ce dossier dit passif humanitaire. Cette recommandation du dialogue vient rappeler que le dossier ne pouvait pas être clos si vite par le gouvernement dont certains des responsables refusent, on ne sait pourquoi d’exécuter une lettre circulaire ou l’ordre du président de la République.