Rencontre internationale sur penser la liberté de circulation en Afrique

27 September, 2016 - 01:51

Nouakchott abrite, du 26 au 27 septembre, une rencontre internationale sur : « penser la liberté de circulation : quelles contributions de la société civile et les chercheurs » réunissant un panel d’organisations sous régionale et d’universitaires.

Donnant le coup d’envoi de cette rencontre, la présidente de l’AMDH (l’Association Mauritanienne des Droits de l’Homme), Me Fatimata M’Baye a estimé que les problématiques liées aux mouvements des populations sont politiquement de plus en plus sensibles tant au Nord qu’au Sud. Les enjeux tels qu’ils ressortent du discours politique, mais aussi des médias qui ont tendance à caricaturer, dramatiser et même incriminer la mobilité, en particulier dans le sens Sud-Nord mais avec des conséquences négatives bien qu’encore mal appréhendées sur les mobilités intra-ouest africaines.

Ainsi, depuis quelques années, les entraves à la liberté de circulation des personnes se multiplient et se diversifient par le renforcement de l’Agence européenne de garde cote (frontex) et la mise en place des centres de rétention(Hotspots).Toutes ces politiques ont pour corolaire des milliers de morts en Méditerranée et au Sahara.

C’est pourquoi, cette rencontre est, réitère-t-on,  une opportunité pour échanger, poser le débat afin d’alerter les décideurs politiques sur l’impératif de garantir les droits fondamentaux notamment la liberté de circulation. Il s’agira ici pour les participants en tant qu’acteurs de la société civile, de concert avec les chercheurs de donner leur contribution à cette problématique transnationale et internationale.

Depuis plus d’une décennie, la migration suscite, fait remarquer Me M’Baye, de nombreuses controverses, des  débats passionnés et touche une population de plus en plus jeune et féminine. Si historiquement, la mobilité humaine est perçue comme une richesse à tous points de vue, ces dernières années, elle est sous les feux de l’actualité médiatique, et génère des appréhensions de peur au Nord, un sentiment de rejet, voir désespoir au sud.

Par rapport aux dynamiques, les pays de destination au Nord, notamment européens, s’organisent et mettent en place un dispositif de gestion dite « concertée »des flux migratoires tendant de plus en plus à la responsabilisation des gouvernements du Sud, à la criminalisation des migrants et reposant sur une conditionnalité sans cesse plus forte de l’Aide publique au développement dont l’objectif principal serait de « freiner les migrations »ou encore « de s’attaquer aux causes profondes de la migration ».

Au Sud, les gouvernements doivent souvent faire face à ce « dialogue déséquilibré » et peinent à faire émerger des positionnements politiques nationaux mais aussi régionaux sur les migrations. Au final, souligne Me M’Baye, le dialogue ou « partenariat »Nord-Sud sur les migrations est souvent déséquilibré. Malgré une approche dite régionale, la plupart des accords relatifs à la « gestion des flux migratoires » sont négociés et conclus « bilatéralement », faisant souvent ressortir un déséquilibre de ces échanges entre des pays au contexte économique et politique encore fragile et un ensemble de pays économiquement forts et dotés d’institutions communes comme l’Union Européenne. L’absence de réel positionnement commun au Sud renforce ce déséquilibre, notamment à l’échelle de la CEDEAO et des autres représentations et institutions régionales africaines et maghrébines.

Des communications ayant trait  à la liberté de circulation intra-africaine : Enjeux et défis ; liberté de circulation et intégration régionale et comment penser la liberté de circulation et le vivre ensemble ont été animés respectivement par le Pr Aly Tandia de l’Union Gaston Berger, du  forum social africain et de l’Université de Nouakchott. Ce mardi, Mme Mariam Baba Sy exposera sur les rôles et contributions des élus dans la promotion de la liberté de circulation.