Procès des abolitionnistes : Incidents d’audience à la pelle

11 August, 2016 - 02:46

Il y avait de l’électricité dans l’air, ce mercredi 10 aout. Le procès des abolitionnistes, loin de toute sérénité s’enlise et prend une tournure pour le moins inquiétante. Au quatrième jour, les incidents d’audience se sont multipliés à un rythme soutenu. « Des débats stériles. Du jamais vu !!! », fulmine le président courroucé par les  interventions intempestives du parquet, de la défense et de la partie civile.

Face à la volonté de la cour d’auditionner chacun des 13 prévenus sans la présence des autres dans le box des accusés, la défense manifesta vigoureusement son refus. Au bout du compte, elle obtiendra satisfaction permettant de clore le premier accroc. Plus tard, lassés par le ballet incessant et les répliques  de la défense face aux charges du ministère public et menaçant certains conseils des prévenus d’expulsion, le président de la Cour criminelle Mohamed Ould Issa avait sommé la police d’audience de dresser une haie. Les policiers ne se feront pas prier. Ce qui ne fut pas du goût des avocats qui ne tardèrent pas à manifester ouvertement leur opposition. Durant ce cafouillage monstre, un des  conseils des prévenus  se fera bousculer  par un policier. La tension déjà perceptible depuis la reprise de l’audience monta d’un cran et un méli melo s’installa poussant de nouveau le président de la cour à suspendre pour la deuxième fois l’audience. A sa reprise une heure après, la défense, en guise de protestation, se signalera par son absence alors que le président, ses assesseurs, le ministère public et la partie civile avaient déjà pris place. Nouvelle suspension d’audience. Il aura fallu d’intenses tractations pour  faire revenir la défense à de meilleurs sentiments.

Premier prévenu abolitionniste à se présenter à la barre, Moussa Ould Bilal Ould Biram a plaidé non coupable et réfuté les faits qui lui sont reprochés. Relatant les conditions de son arrestation et de détention marquées, dit-il, de 72 heures de tortures affligeantes avec privation de nourriture et de possibilité d’aller aux toilettes. Il a nommément  cité  ses tortionnaires et évoqué non seulement le refus du procureur de la République de prendre en compte sa plainte contre ses bourreaux et de lui faire bénéficier d’une réquisition, de manière à lui permettre d’être ausculté  par  un médecin.

Réconforté par ses « éléments de preuve » qui  impliqueraient  les prévenus, le procureur prévoyait de projeter sur écran  les photos et vidéos  créditant ses assertions. Y voyant un « montage grotesque », la défense objectera. Le brouhaha reprend de plus belle devant une assistance médusée. N’arrivant pas à gérer ce troisième accroc, le président de la Cour renvoie l’audience à lundi à 10 heures.