Le coût des choses

3 August, 2016 - 01:38

Le Sommet des Etats arabes a finalement eu lieu, la semaine dernière, en grandes pompes. Et s’est achevé en petits souliers. Les « grands », sur lesquels notre guide éclairé misait beaucoup, pour rehausser le niveau de la rencontre, ont fait faux bond. Ni roi d’Arabie saoudite, ni président égyptien, encore moins des Emirats Arabes Unis n’ont fait le déplacement de Nouakchott. Alors qu’au moins deux d’entre eux en avaient fait miroiter l’idée. Mais, bon, le Sommet s’est tenu. Tambour battant. Au pas de charge, pour ne pas dire de fuite : moins on n’est de fous, plus on s’ennuie. Aussi quelques heures d’horloge ont-elles suffi, à nos dirigeants, pour pondre un communiqué qui n’apporte, il est vrai, rien de neuf. Comme si la question palestinienne, le problème irakien, les imbroglio syrien et libyen ou le terrorisme pouvaient être réglés d’un trait de plume. Mais c’est désormais une habitude : les sommets des Etats arabes n’ont jamais réglé le moindre problème. Ils se réunissent juste pour se réunir. Et celui de Nouakchott n’a pas dérogé à la règle. Il a juste permis d’embellir une petite partie de la ville et à des « chanceux » de rafler quelques juteux marchés. Ça valait bien un sommet, aussi riquiqui fût-il. 

Ite missa est, donc. Mais à peine sortis de l’euphorie et de l’autosatisfaction, voilà que la réalité rattrape nos arabophiles nationaux. Amère. Le dialogue politique, cette Arlésienne dont on parle toujours et qu’on ne voit jamais, refait, à nouveau, parler de lui. Témoin, s’il en est, que la crise politique que nous vivons, depuis 2008, n’a toujours pas de solution en vue. La gabegie, qu’on combat, pourtant, depuis plus de huit ans, refait surface. Encore plus flagrante. Après les trésoriers régionaux, qui ont piqué des milliards et dont une fournée attend toujours de connaître son sort, c’est au tour de la Sonimex d’être projetée sous les feux de la rampe.  Son directeur régional au Trarza a pris la poudre d’escampette, avec plus d’un milliard de nos ouguiyettes dans son escarcelle. Branlebas de combat. Ould Abdel Aziz pique sa fameuse crise de « Comment quelqu’un d’autre que moi ou mien ose-t-il toucher aux deniers publics ? ». Une commission d’enquête, composée de l’IGE et de la Gendarmerie, est envoyée sur place. Elle aurait, dit-on, découvert un vaste réseau de distribution et de vente d’engrais. De « grosses » têtes tomberont-elles ? Le cas échéant, ce ne seront que les hors « grandes » tribus, familles ou autres généraux, seules carapaces à peu près résistantes à la cyclothymie azizienne. Peut-être que tout cela finira en eau de boudin, sachant que, si « Paris vaut bien une messe », comme le disait l’huguenot Henri IV, la paix du système vaut bien un milliard… Ne pas se représenter en 2019 ne signifie, évidemment pas, négliger l’avenir. Et l’avenir, c’est comme les choses : ça coûte…

Ahmed Ould Cheikh