Affaire Zeïni : le rapport du médecin toujours attendu

28 July, 2016 - 15:30

Nous relations, il y a quelque temps en ces mêmes colonnes, l’exhumation du cadavre du jeune Zeïni ould El Khalifa, pour subir une autopsie. C’était le 25 Juin. Son père et son oncle maternel avaient été conviés par les autorités à assister au processus. Mais beaucoup s’interrogent encore, aujourd’hui : que s’est-il passé exactement, après que la dépouille du jeune homme fut placée dans l’ambulance qui la conduisit à l’hôpital Cheikh Hamed de Boutilimit ? Flash-back sur des faits dûment avérés.

A bord du véhicule, El Khalifa le père du défunt, son oncle maternel, Mohamed ould Ahmed Zayd, deux policiers et deux gendarmes. « J’ai déjà réalisé plusieurs constats sur des cadavres découverts tardivement. Ils se décomposent, en général, après trois à quatre jours, avant même d’être enterrés.   C’est la première fois que j’en vois un intact, malgré vingt-six jours sous terre », lance un des gendarmes. « Ce jeune homme est certainement un martyr », ajoute un policier. « Je vous prends à témoins pour transmettre ce que vous avez vu à l’opinion publique car on prétend qu’il s’est suicidé », s’émeut El Khalifa.

Arrivés à l’hôpital, on débarque le cadavre à la morgue où seuls le père et les deux médecins légistes, dont le français Laurent Martil, exerçant à Nantes, sont autorisés à entrer. Les membres de la commission d’enquête et les autorités restent dans l’enceinte de l’hôpital, pris d’assaut par une énorme foule de curieux. Vers seize heures, l’autopsie prend fin et l’on remet le cadavre aux siens. Des gendarmes escortent le convoi funèbre jusqu’au cimetière. Lors de la remise du corps en tombe, quelqu’un aurait pris des photos par téléphone. Elles n’ont été publiées que récemment, sur divers sites électroniques d’information. L’image qui avait circulé, sur les réseaux sociaux, le jour de l’exhumation du cadavre, était celle d’un autre cadavre.

 

Le légiste repart, les échantillons restent

Le docteur Laurent Martil a emmené, avec lui, plusieurs échantillons relevés sur le cadavre. Il compte les analyser en France où il doit repartir le soir-même. De retour à Nouakchott, il passe au Palais de justice, avant d’aller dresser son constat sur la scène du décès, au domicile de la jeune Mariem mint Bok, à l’îlot C. Puis il s’entretient, longuement, avec le directeur du Centre hospitalier national. A vingt-deux heures, il est à l’aéroport pour embarquer vers la France. Tout semble donc se passer correctement.

Les parents de la victime et l’opinion publique sont soulagés : quelques jours encore et les résultats de l’autopsie tomberont, élucidant l’affaire. On est curieux et assoiffé de connaître, enfin, la réalité des faits. Mais deux semaines passent, sans nouvelles. Trois jours plus tard, une rumeur se répand, comme quoi les fameux échantillons seraient restés en Mauritanie, malgré l’avis de la famille du défunt ! Le collectif des avocats de la victime s’adresse alors au Parquet. On finit par apprendre que, suite à des pressions exercées par l’autre partie, celui-ci a en effet interdit, au médecin français, d’emmener les échantillons avec lui ! Maître Moctar ould Leïli, l’avocat de Mariem mint Bok, a obtenu qu’on garde les échantillons jusqu'à une date ultérieure, pour on ne sait quelle raison. El Khalifa formule, alors, une demande de contre-expertise, se déclarant prêt à la financer à ses propres frais, mais sa demande est rejetée par le Parquet.

Finalement, ce n’est que le samedi 16 Juillet que les échantillons sont expédiés, par courrier express, à Nantes. Depuis, l’opinion publique et les proches de feu Zeïni s’impatientent. Certains pensent que le rapport de Laurent Martil serait déjà connu des autorités. Mais celles-ci, préoccupées par le Sommet arabe, s’évertueraient à le garder secret. Craindrait-on un retentissant scandale ?

Mosy