Daouda Djibril Niang, directeur général de la société de gardiennage El Barakat, membre fondateur de la MSP, chargé de mission auprès de l'ADG de la MSP et secrétaire général de l'association des retraités de la Garde nationale : « Il n’y a ni querelle, n

9 June, 2016 - 02:57

Le Calame : Quelle est l’origine de la querelle que se livre, à travers la presse, la MSP et le personnel qui conteste son renvoi de cette entreprise de sécurité pour « limite d’âge » ?

Niang Daouda : Pour commencer, je vous remercie du fond du cœur de l’opportunité que vous m'offrez et qui me permettra d'éclairer l'opinion sur des faits, selon ce qu’en je sais, par rapport à  vos questions. Secondement, veuillez bien noter qu'en fait, il n'y a ni querelle ni polémique, entre la MSP et qui que ce soit. La réalité est beaucoup plus têtue. Il ne s’agit que d’une application stricte des textes. La MSP emploie certes des retraités mais pas ad aeternam. Passé la soixantaine, conformément aux délibérations de son assemblée générale et de son conseil d'administration, tout individu a droit au repos du guerrier ; un autre retraité plus jeune prend sa place. A chacun son tour. Il s’agit d'accompagner le retraité mais pas d'en faire un éternel employé.

Par contre, les choses se compliquent, quand certains bénéficient, de façon indue, d’une cassation d’âge. Ceux-ci pourraient tricher mais la MSP n’y peut rien, en l’état actuel des choses. A part cela, la réglementation est valable pour tous. En outre, l’actuelle équipe, qui gère la MSP, est salvatrice. La situation, à son arrivée, était moribonde, chaotique. Elle l’a assainie, dans la transparence et à équidistance de tous. Son directeur général a fait ses preuves ailleurs. Il est connu pour sa droiture et sa rigueur. Le président de son conseil d’administration a mis la main à la poche pour faire, de la MSP, ce qu’elle est aujourd’hui. Trêve de surenchère, donc ! Et, surtout, moins d'ingratitude.

 

- Que répondez-vous à ceux qui accusent le pouvoir de faire la part belle aux anciens des forces armées et de sécurité, en leur accordant le privilège de fonder des sociétés de gardiennage, « espèces de milices civiles », selon certains, alors que de nombreux jeunes sont abandonnés à eux-mêmes ?

- Le pouvoir actuel a travaillé à fonder des emplois pour les jeunes et à les insérer dans la vie active. C’est un fait que nous saluons et soutenons, même si certains n'y croient pas. Aussi faut-il accepter que cela n'est pas une raison pour exclure une partie importante de la société, plus vieille et qui a tout donné à la Nation. Le gardiennage était assuré par des étrangers. Que des nationaux l'assurent constitue-t-il un privilège ou un droit ?

Notez, aussi, qu'en tout état de cause, le gouvernement a proposé une loi, les élus du peuple l’ont souverainement votée, pour aider une frange de la population vivant dans la précarité. Cette frange a contribué, de façon consciencieuse, à la sécurité du pays et de ses institutions. De l’argent a été prêté à la MSP, par la CDD, en toute transparence. En contrepartie, la MSP, une société privée paie des salaires et des impôts, cotise pour ses employés et fournit des emplois (plus de trois mille en moins de trois ans) et, par-dessus le marché, rembourse, conformément à un échéancier, ses dettes vis-à-vis de la CDD. Qui dit mieux ?

 

- Lors de leur mise en place, diverses sources ont évoqué une manne financière importante dégagée par l’Etat en leur faveur. Qu’en est-il ?

- L’industrie des rumeurs a encore de beaux jours devant elle. En réalité, la MSP a bénéficié, comme beaucoup d’institutions et de particuliers, d’un prêt de la CDD, pour sortir une frange importante de la population de la précarité. Ce prêt a été remboursé à hauteur de 80%. Il n’y a pas lieu d’en faire tout un tapage. Vous savez tous que le pays n'est plus une vache à traire. Celui qui prête l'argent du contribuable sait, plus que quiconque, qu'il va le rembourser. En outre je vous confirme que la MSP n'a touché que les 50% du montant autorisé et est en train de le remettre, avec intérêt, sur place.

 

- Quel regard l’ancien officier de la Garde jette-t-il aujourd’hui sur l’évolution de notre armée ?

- Une sincère fierté et beaucoup de reconnaissance pour l’homme d’Etat qui en a fait sa priorité et aux officiers qui en ont fait leur propre mission, afin d’amener, à la vitesse de la lumière, le niveau de combat de nos forces armées et de sécurité au top. Où était notre armée et où en est-elle, maintenant ? Même le profane pourra répondre, tant l’écart est abyssal, entre hier et aujourd’hui. Aujourd’hui, nous avons une armée respectée et respectable, qui s’acquitte dignement de ses responsabilités. La sécurité du pays est assurée, par des forces de sécurité bien entraînées et bien équipées. C’est plus en tant que mauritanien que d’officier que je pourrai affirmer, ici, que nous disposons de l’un des meilleurs chefs d’état-major des armées.

Je n’ose pas aller dans les détails. Je ne peux pas, non plus, citer toutes ses réalisations. Juste quelques-unes par arme, pour ceux qui ne veulent rien savoir. Pour notre Armée de Terre, je vais citer la fondation des Groupements Spéciaux d'Intervention (GSI) dont l'équipement est de dernière génération, spécialisés dans la guerre asymétrique et enviés dans toute la sous-région. Pour l'Armée de l'Air, nul ne doit ignorer que nous formons, désormais, nos propres pilotes dans leur académie. Citons, également, l’acquisition de nouveau aéronefs d'appuis au combat et de transport, et la réalisation d’infrastructures, comme l'aéroport de Lemreya. Quant à notre Marine, la mise en service de bâtiments de guerre payés par nos propres moyens et de l’Ecole navale, notamment, en forment le plus concret. La délimitation de zones militaires exclusives a bien fait ses preuves, dans la lutte contre les stupéfiants, la drogue, toute autre forme de trafic d'armes ou de n'importe quelle autre illégalité. Nul ne doit ignorer le rôle joué, par notre armée, dans le développement : les villes de Magta Lahjar et Sangrafa au Brakna, celles de Sélibaby et Gouraye, au Guidimaha, dans le cadre des projets d'infrastructure de réseaux d’Adduction Eau Potable (AEP), ne vont, elles, jamais, l'ignorer ni l'oublier.

Nos Gendarmerie, Garde et Police nationales d'aujourd'hui sont loin, très loin de celles d'hier. Les festivités commémorant notre indépendance en font preuves irréfutables.

Sans mentir, notre armée est dorénavant consultée, dans toute la sous-région ; ses méthodes de combat enseignées dans des écoles militaires et son poids respecté. La dernière preuve est donnée par la présence de militaires mauritaniens dans les missions onusiennes de paix et les félicitations qu'ils obtiennent pour leur discipline, leur dévouement et leur savoir-faire. Nul dans notre pays, exceptés les hypocrites, ne peut nier l'évolution de toutes les armes (terre-air-mer-gendarmerie-garde et police). Pour des mesures de confidentialité, je ne peux aller plus dans les détails mais je peux témoigner, tout de même, de mon grand bonheur de ce que ma quiétude n’ait pas été dérangée, à l'instar de tous les Mauritaniens, depuis longtemps. N’est-ce pas là l’essentiel ?

 

- Un de vos frères d’armes, Ould Beïbacar, officier de la Garde à la retraite dénonce, dans nos colonnes, la prolifération des « généraux de complaisance », pour une armée qui ne le demande pas. Partagez-vous son avis ?

- Loin de moi toute réaction sectaire et tout règlement de compte déguisé. Pour la petite histoire, je fus major de la promotion de l’EMIA à laquelle appartient le colonel Ould Beibacar ; je fus aussi major à l'académie de Cherchell, à mon cours d'état-major, puis major à un cours d'administration, à l'Académie de Fayçal, en Arabie Saoudite… et je suis resté vingt-et-un ans au grade de lieutenant ! Je n'ai jamais été capitaine malgré tout, quoique que j’eusse pêché plusieurs capitaines en mer, et cela ne m’a jamais poussé ni à l’indécence, ni à la grossièreté. Au contraire et je vous prends à témoins, je pardonne, sans aucune forme de procès, à tous ceux qui, de près ou de loin, directement ou indirectement, m'ont mêlé à ce auquel je n'ai jamais appartenu et ne peut appartenir, hypothéquant ainsi mon destin.

Hélas, il me semble que mon ami, mon frère, mon camarade de promotion, mon frère d'armes, le colonel retraité Oumar ould Beïbacar, issu pourtant de deux grandes familles guerrières et d'une arme que son feu père marqua par son courage et sa discipline et dont tout le personnel ne se vante que de courage et de discipline, n'a pas pu assumer le fait de ne pas avoir été promu au grade supérieur. Libre à lui de penser et d’écrire ce qu’il veut ! Mais ce dont je suis convaincu, c'est qu'il a rabâché et ressassé, tous les guides de raisonnement qu'on nous a appris à l'école. Il n'ignore, certainement pas, les risques de cette indiscipline qu'aucun de ses amis de promotion, ni de son arme, ne lui pardonnera. J’ai entendu Sarr Ibrahima, le président du "parti" AJD/MR, à la télévision 2STV du Sénégal, faire ses éloges. Sarr et sa femme nous ont driblés, nous, Négro-mauritaniens, il va sans dire qu'ils vont le jongler, lui. Je lui souhaite simplement de comprendre et d'accepter que la Kaaba a un Dieu qui la protège. Merci.

Propos recueillis par DL