Pour une politique commerciale commune à notre frontière Nord

12 May, 2016 - 02:27

Le monde change et, avec lui, notre conception du développement économique et social. A l’heure de la mondialisation, les dirigeants de la planète ont compris qu’il faut mettre en place des outils régionaux puissants, dans le cadre d’accords commerciaux qui améliorent le vécu des populations et aident à réduire les inégalités sociales.

Aujourd’hui de par le vaste monde, on recense, ainsi, près de cent cinquante zones de libre-échange : unions économiques, douanières, économiques et monétaires, marchés communs, etc. ; dont plus de la moitié n’ont été fondées que ces dernières décennies. Pour nous, il s’agit de mettre en place, entre pays voisins, une structure de libre échange, fondé comme, partout, sur des critères géographiques.

Cette organisation regroupera, pour commencer, le Maroc, la Mauritanie (en sa qualité historique de trait d’union), le Sénégal, le Mali et, éventuellement, d’autres pays limitrophes des uns ou des autres. L’adhésion serait cependant ouverte à tout partenaire commercial et non aux seuls pays de la sous-région. Cette nouvelle politique commerciale commune aura pour mission la réalisation de la coopération économique des Etats-membres, dans le cadre d’un marché ouvert que nous offre cette forte ouverture,  par voie terrestre, sur le Monde, via le Maroc, notre grand voisin du nord.

Cette porte sur notre frontière nord nous fera davantage profiter de l’accroissement du commerce international, en nous offrant des possibilités nouvelles et les bienfaits d’une plus grande libéralisation des échanges dont l’impact, sur le bien-être des populations, sera considérable et positif. Une coopération régionale dynamique qui viendra favoriser l’expansion de marchés ouverts et concurrentiels. Dopées par l’ardeur des échanges, nos économies régionales connaitront une croissance rapide qui ne devrait pas ralentir.

Le succès, spectaculaire, remporté par certains pays d’Asie de l’Est (regroupés en unions économiques), dans le développement économique et la lutte contre la pauvreté, sont autant d’exemples venus renforcer les ensembles géographiques, dans leur contribution au bien-être des populations. Notre futur ensemble géographique et commercial porte, avec plus de soixante millions d’habitants, de fortes potentialités économiques. Avec une façade maritime de plusieurs milliers de kilomètres, nous possédons les côtes parmi les plus poissonneuses au Monde.

 

Que de richesses !

Nos sous-sols recèlent d’importants gisements de phosphate, fer, cuivre, or, pétrole. Au Nord, grâce à la politique hydraulique du Maroc, la production agro-alimentaire est une des meilleures du monde. Au Sud aussi, l’agriculture, sur la vallée du fleuve Sénégal, nous fournit, en quantité, riz, mil, arachide, maïs, sans compter le coton et toute la production agricole du Mali. La Mauritanie est aussi un pays d’élevage, à l’Est. Encouragés par l’éloignement des perspectives terroristes, dans notre sous-région, nous constituons, de surcroît, un grand aimant de touristes qui nous viendraient du Nord.

Stimulés par les importants investissements engagés, par le royaume chérifien, dans ses provinces du Sud, comme le port de Dakhla ou les infrastructures routières, portuaires et ferroviaires, censées ouvrir la voie du libre-échange, au niveau mondial, cette politique commerciale commune sera, pour notre capitale économique Nouadhibou et sa zone franche, sans nul doute un véritable moteur de développement, catalyseur et promoteur de la croissance.

 

L’union fait la force

Une vérité simple mais souvent perdue de vue mérite d’être rappelée ici: la mondialisation est une menace pour les petits pays mais, pour des ensembles économiques, elle est l’occasion d’accélérer le développement et appelle à une coopération, efficace, d’intérêt collectif, à l’échelle régionale ou sous- régionale. L’expérience l’a abondamment démontré : ces ensembles ont réussi, mieux qu’ailleurs, à catalyser durablement le développement économique et l’éradication de la pauvreté.

La coopération entre nos pays peut aussi contribuer à réduire la dégradation de l’environnement, tant au niveau régional qu’à l’échelon local. Ces variations climatiques, responsables de sècheresses plus fréquentes et plus intenses, sont des questions particulièrement préoccupantes pour nous tous. La collaboration économique régionale peut aussi aider, par un partage des coûts et diverses consultations, sur le transfert des technologies.

Quelles que soient les entraves, locales ou autres, il faut impérativement que la coopération sous-régionale se renforce, si nous ne voulons pas rester des laissés-pour-compte, sur les bords ingrats de la route du développement. Il serait vraiment dommage de rester à l’écart du processus d’intégration régionale qui permettra, aux Etats-membres, de multiplier les avantages d’un riche capital humain et d’une ouverture, sans précédent, sur le monde extérieur, de Tanger à Dakar et Bamako.

 

Lehbib ould Berdid

Professeur d’économie