M. Sanghott Ousmane Racine, 1er vice-président et porte-parole de l’UDP, sénateur de Kaédi : ‘’Nous maintenons notre position constante et appelons l’opposition dans sa diversité à répondre positivement au dialogue’’

12 May, 2016 - 01:57

Le Calame : En tant que sénateur de Kaédi, comment avez-vous  accueilli la décision du président de la République de supprimer le Sénat ? Les  partis de la majorité présidentielle dont fait partie l’UDP ont-ils  été consultés  sur  cette décision?

Sanghott Ousmane: Je pense que ce qu’il faut d’abord retenir, c’est qu’au cours de cette visite, le Président a prononcé un discours important sur l’état de la Nation. Il a ainsi passé en revue les performances notamment économiques et sociales réalisées par le Gouvernement, en dépit d’une conjoncture internationale difficile.

En ce qui concerne l’annonce d’une proposition de suppression du sénat, il ne faudrait pas perdre de vue que la constitution mauritanienne, comme d’ailleurs celles de la plupart des pays francophones africains, est une inspiration de la constitution de la 5eme république française et qui instaure donc un parlement bicaméral, Sénat et assemblée nationale.  Depuis un quart de siècle, notre sénat joue un rôle totalement identique à celui de l’assemblée nationale à savoir  la fonction législative avec souvent une grande lourdeur dans l’examen des projets de lois soumis par le gouvernement.

En effet, plusieurs projets de lois peuvent ainsi être votés au niveau de l’assemblée nationale et finalement ralentis au niveau du Sénat ou inversement, durant  des mois, retardant ainsi la promulgation des lois qui ont des répercussions importantes sur la vie de la nation.

Nous, UDP, en tant que premier soutien du président de la République, Mohamed ould Abdel Aziz, nous ne pouvons  que nous en féliciter et n’estimons pas utile de nous appesantir sur les privilèges individuels qu’on pourrait éventuellement perdre. Et, en tant que sénateur, je suis au-dessus des intérêts particuliers, je suis plutôt motivé par les avancées de la  démocratie mauritanienne et les avantages que le peuple mauritanien pourra en tirer.  Enfin, il est important de savoir que le gouvernement et la majorité à travers la CPM sont en concertation permanente.

 

 Partagez-vous l’avis du président de la République qui affirme que l’opposition mauritanienne n’est pas démocratique, qu’elle ne veut pas de dialogue, mais faire revenir la Mauritanie en arrière ? Pensez-vous  que telles accusations  pourraient inciter celle-ci à  répondre positivement à l’invitation du pouvoir à participer au dialogue prévu   unilatéralement dans 3 à 4 semaines ?

 Vous savez, partout dans le monde, les nations et les civilisations se sont formées à partir des compromis et donc d’échanges et de dialogue. Le dialogue doit être une constante de notre vie politique et telle a toujours été la position du Président Mohamed Ould Abdel Aziz.

Pourtant vous conviendrez avec moi que l’opposition radicale, a, chaque fois, trouvé des parades pour éviter d’entrer en dialogue avec la majorité ; ce fut d’abord le refus de reconnaître l’élection du président de la république en 2009 alors que toutes les instances qui étaient en relation avec la gestion des élections étaient dirigées par cette même opposition. Et de surcroît, la communauté internationale dans son ensemble a reconnu la transparence et la régularité de cette élection. Cela a également été le cas en refusant  de participer au dialogue de 2011, malgré que la plateforme  présentée lors de ce dialogue fût une émanation de l’ensemble de l’opposition.  Dans le même sens, par mimétisme par rapport au printemps arabe, le slogan est devenu l’exigence du départ du président élu, enfin d’autres conditionnalités les unes plus insolites que les autres comme la suppression du Basep, et l’exigence d’une réponse écrite sur des questions susceptibles d’être inscrites à l’ordre du jour du dialogue avant même la tenue de celui-ci, etc.

Face à ces faits, on ne peut que partager la position du président Mohamed Ould Abdel Aziz. Nous maintenons notre position constante et appelons l’opposition dans sa diversité à répondre positivement au dialogue et à participer effectivement à la mise en place des institutions qui, à terme, garantiront la réalisation d’un développement local ancré sur nos valeurs et nos ressources.

 

Le Sénat sera remplacé par des conseils régionaux, suite à un référendum. Ne craignez-vous pas que le dialogue et la consultation qui  vont suivre  n’ouvrent  la voie  à la modification de l’article 29 de la Constitution  limitant le mandat présidentiel  à 2, afin de permettre à l’actuel président de rester au pouvoir, comme le redoute l’opposition ?

Les Conseils régionaux  ne remplacent pas le sénat ; ils constituent une évolution dynamique de nos institutions en les rapprochant de plus en plus des populations pour que leurs préoccupations quotidiennes en matière de développement puissent être résolues avec célérité et concertation.

En ce qui concerne la deuxième partie de votre question, nous ne voyons pas de rapport entre la proposition de suppression du sénat et la création des conseils régionaux, d’une part et la modification de l’article 29, d’autre part. Il faudrait plutôt se rappeler que le mandat actuel du président va jusqu’en 2019 et le focus du gouvernement, c’est la réalisation de grands projets structurants au bénéfice du peuple mauritanien. En effet notre pays n’a jamais été aussi en chantier comme il l’est actuellement:

ü  Les infrastructures hydrauliques (Aftout es sahili, Chergui, Dhar, irrigation de la plaine de Keur Macene, Foum Gleita, l’alimentation de la ville de Selibaby en eau potable, etc.)

ü  Les infrastructures sanitaires (l’hôpital mère et enfant, centre national d’oncologie, construction et équipement de tous les hôpitaux des grandes villes du pays, etc.)

ü  Le réseau routier a été plus que triplé, pratiquement toutes les Moughataas sont reliées au chef- lieu régional

ü  L’électrification de plusieurs villes, chefs-lieux des communes rurales et les axes à Nouakchott

ü  Les infrastructures éducatives, les universités, les écoles supérieures techniques, les lycées pilotes et les lycées d’excellences

ü  L’aéroport Oum Tounsi de Nouakchott

ü  Le leadership politique et diplomatique de notre pays : médiation dans les conflits ivoirien, malien et burundais, présidence de l’union africaine, présidence  de l’agence panafricaine de la grande muraille verte dont le président a réussi à ramener le siège à Nouakchott. Mohamed Ould Abdel Aziz est l’initiateur du groupe G5 Sahel dont le siège est à Nouakchott. Pour la 1ere fois de l’histoire de notre pays, la conférence de la ligue arabe se tiendra à Nouakchott.

ü  La sécurité, etc.

Vous voyez donc que la préoccupation du gouvernement se trouve ailleurs et ne se laissera point divertir par des préoccupations qui sont loin de son agenda. Par contre si la question devait se poser,le peuple mauritanien reste souverain.

 

Le FNDU vient d’organiser un meeting qualifié de « réussi » à Kaédi. Cela n’inquiète pas le sénateur de Kaédi que vous êtes ?

Heureusement que votre journal met le qualificatif réussi entre guillemets, car comme vous le savez, ce meeting fut un fiasco, même si, ils ont trouvé le génie de rendre les images floues et tromper la vigilance de certains journaux. La vérité est tout autre, ils ont non seulement organisé leur meeting dans un lieu toujours animé. Les populations du Gorgol en général et celles de Kaédi en particulier ne peuvent pas être diverties par des discours creux et cette mise en scène. En effet depuis l’arrivée du président Mohamed ould Abdel Aziz au pouvoir, le Gorgol à l’instar du reste de la Mauritanie est un grand chantier :

ü  l’hôpital de Kaédi avec une capacité de 175 lits d’hospitalisation,  et un plateau technique aussi diversifié que qualifié (Scanner, service hémodialyse, pédiatrie, etc.)

ü  La voirie  à l’intérieur de Kaédi, 13 km  déjà réalisés et 10 km en perspective, Routes : Kaedi – Mbout, Lexeiba–Monguel, Kaédi- Foum Gleita et Kaédi- Maghama

ü  Les infrastructures éducatives, réhabilitation et ouverture de l’Ecole Nationale de Formation et de Vulgarisation Agricole (ENFVA) qui était fermée depuis 1996, création d’un lycée pilote, d’un lycée d’excellence, d’une école nationale des instituteurs  (ENI), une école des métiers, etc.

ü  Un palais de justice  flambant neuf remplaçant celui construit en 1922

ü  La restructuration de quartiers précaires avec toutes les infrastructures de base, éducatives, sanitaires avec l’eau et l’électricité

ü  De nouvelles infrastructures de jeunesse à la place de celles construites avant l’indépendance (maison de jeunes, stade)

ü  La réhabilitation  des deux périmètres agricoles PPG 1 et 2.

ü  Une nouvelle tannerie

ü  Effacement des dettes des agriculteurs, mise à dispositions de tracteurs et moissonneuses batteuses

ü  L’usine de sucre

ü  Des boutiques EMEL

ü  Le lancement de l’électrification de 119 villages de Gouraye à Boghe par le président de la République

ü  Tous les gros villages ont bénéficié de l’eau potable et souvent avec électrification comme Djeol, Awnatt, Rindiaou et Lexeiba

ü  Nouvelles constructions : Wilaya, préfecture, des logements administratifs, Villa de passage, etc.

ü  Equipement de sapeurs-pompiers

ü  Marine nationale au niveau du fleuve pour lutter contre les noyades, etc.

ü  La digue de protection de la ville de Kaédi contre les inondations récurrentes

ü  Construction de 18 km de route rurale désenclavant la commune de Néré Walo

Alors vous voyez pourquoi les populations de Kaédi n’ont pas besoin d’autres démonstrations face à ces  faits.

Propos recueillis par DL