Kaédi : Le FNDU mobilise fortement

5 May, 2016 - 00:59

Suite des tournées du FNDU, dans les wilayas du pays,  pour sensibiliser les populations aux enjeux politiques  du moment, avec l’accueil fervent, en la capitale  du Gorgol, de ce pôle politique, composé de partis, syndicats, personnalités indépendantes et OSC diverses. En cette période où le mercure atteint des pics, les militants et sympathisants  ont su assurer une forte mobilisation qui n’eut d’égal que leur niveau de conviction, en concordance parfaite avec   les objectifs politiques  qui animent les uns et les autres.

C’est du poste de police de Rindiaw, à l’entrée de la ville, que, sous  la chaleur  attisée par un vent chaud mêlé de poussière, la délégation, bien encadrée par un cortège de voitures, motos et, même, chevaux bien harnachés sous la conduite des cavaliers tout aussi bellement habillés, s’est ébranlée vers le centre-ville, pour un somptueux tour d’honneur, sous l’œil attentif d’un comité d’organisation mené, de main de maître, par le docteur Ba Aliou,  avant de regagner leur hébergement.

 « Kahundé Gouré », la célèbre place mythique qui constituait, jadis, le lieu privilégié de rencontre des populations, avec l’arène de lutte, les espaces de jeu, pour les jeunes, et autres échanges divers, pour les plus grands, est, aujourd’hui,  une zone lotie où fleurissent maisons et boutiques. Lieu plus que symbolique, pour les nostalgiques, lien entre Touldé et Gattaga, pour tous, on ne pouvait choisir meilleur emplacement pour implanter la tribune officielle de l’évènement du jour. Sous le soleil déclinant, voilà que les militants, accourus de toute la moughataa, envahissent maintenant la place. Et l’on peut goûter, enfin, les fruits des vaillants efforts de sensibilisation déployés, jour et nuit, par les partis, à grands renforts de rencontres et réunions  dans les tous les  quartiers, pour « faire le carton ». Résultat : très forte  mobilisation qui ne devrait pas manquer d’inquiéter le camp adverse. Vers 18h30, c’est en plein vacarme assourdissant des décibels diffusant les productions des artistes que la délégation, conduite par le président du MPR, Kane Hamidou Baba, se présente. Salve nourrie d’applaudissements puis Kaédi se tait, en l’attente du message de l’opposition.

 

Meeting réussi

 

Prenant la parole pour souhaiter  la bienvenue à la délégation et remercier, au nom du président du MPR, les populations, pour leur grandiose mobilisation,  Diaw Adoulaye  Djimmé  convoque l’histoire de cette ville cosmopolite, riche de sa diversité et de son essor économique, bien visible dans ses infrastructures, comme l’aéroport, l’abattoir frigorifique ou la tannerie, toutes choses cependant aujourd’hui réduites à l’état de vestiges, à  cause des malheureuses politiques successives qui ont étouffé l’envol de la cité. « Non seulement obsolescence des infrastructures », déplore l’orateur, « mais, aussi et surtout, absence de politique de développement appuyant fermement les activités agropastorales ». Une attitude, poursuit monsieur Diaw, qui fait, de cette ville, « un condensé de toutes les misères ». Des propos qui fixent bien le ton et le tempo du meeting.

Et voilà les ténors du FNDU à revisiter, chacun dans son style, les différentes politiques,  insistant, qui sur le népotisme, qui sur le racisme, l’unité nationale, l’esclavage, le passif humanitaire, l’occupation illégale des terres  et, surtout, sur le manque de vision qui fait, de notre pays, un ilot de souffrance  et de détresse, au point que même  la citoyenneté, valeur sûre d’une république en construction, est  mise à l’épreuve, par les difficultés à obtenir une simple carte d’identité nationale. Sous les cris et applaudissements des militants et sympathisants, chaque intervenant pose, à son tour,  un diagnostic cru  du management politique du pays, tant sur le plan économique que  social, tous deux stigmatisés par une profonde défaillance qui met, disent-ils, le pays sous une menace permanente d’atomisation.

Au-delà de l’énoncé de cette kyrielle d’insuffisances préjudiciables à l’instauration d’un Etat de droit, les propos de Mohamed Vall ould Bellal donnent une ébauche de solution, en un appel citoyen invitant les Mauritaniens à « ne pas croiser les bras, pour ne pas  tomber dans le fatalisme », avant de les exhorter à « plus de responsabilité, pour arriver enfin, avec des moyens pacifiques, au changement tant espéré ». Et Kadiata Malick Diallo d’appeler à la vigilance, avec une intonation si propre à  accrocher l’auditoire ; Yahya ould Ahmed El Waghf de dénoncer le saupoudrage de la question du passif humanitaire ; Ba Alassane Soma de regretter, avec une pointe bien dosée d’émotion, le gâchis de l’héritage de Youssouf Koita, comme pour corroborer les propos d’Ould Abeidarrahmane rappelant le rôle historique de Kaédi dans le pacte démocratique de la Mauritanie naissante ;  et, tous en chœur, de Ba Mamadou Alassane à Jemil ould Mansour dont l’allure jeune et stylée a réchauffé les esprits,  de lancer un vibrant appel au respect du texte fondamental, pour ne pas dire sacré,  qui  ne doit souffrir ni tripatouillage ni remouture broyée par quelque aspirant a un troisième fauteuil présidentiel. La conclusion, enthousiaste, du meeting a parfaitement illustré l’évidente entente, entre la base militante et le FNDU dont les membres se sont déclarés « très satisfaits »  de l’affluence massive  qui en dit long sur le ras-le-bol général tenaillant, au quotidien et comme un collier de supplices, des ménages de plus en plus meurtris par la cherté de la vie, l’absence de soins adéquats et la déliquescence d’un système éducatif déclinant, de jour en jour,  sans perspective.

« Ce meeting est une preuve, irréfutable, du dégoût et de l’aversion qu’éprouve une partie grandissante de la population, en proie, à  toutes les stations sociales, aux pires difficultés à vivre décemment», déclare un sympathisant qui invite l’opposition  à  bien occuper le terrain. Même si la délégation du FNDU a pu mesurer la portée  et l’épaisseur de ce discours, dans un contexte encore éloigné des fièvres électorales, il n’en demeure pas moins  que « le changement escompté ne pourra se réaliser en dehors  de l’union sacrée,  bouclier déterminant contre les intérêts partisans  qui », selon cet autre militant, « ont toujours miné et obstrué  l’élan d’une vraie rectification ».

Avec le respect d’un timing bien mené par le micro central, tenu par Mohamed Maciré, tous les responsables se sont ainsi exprimés sur  le pays, avec un fond commun convergeant vers la prise en mains des populations de leur destin. Le mot de clôture échoit à Kane Hamidou Baba, vivement ovationné, qui déclare, dans une ironique formule mesurant, fort bien, son haut degré d’appréciation de la situation, combien « cette affluence dynamique contraste avec celle qui, en d’autres lieux, est tenue  en laisse par le yaboy ».  Avec un discours dépouillé, accessible  et hautement affiné,  le président du MPR réitère la volonté du FNDU d’accompagner les populations  dans leur élan de changement. Puis, au seuil du crépuscule bercé par les voix des muezzins retentissant comme un rappel au bercail, la foule se disperse tranquillement, avec un réel sentiment de satisfaction.

Conduite par Salah ould Hanena, président en exercice du FNDU, la délégation comprenait, notamment, Yahya ould Ahmed El Waghf, Kardiata Malick Diallo, Moustapha ould Abeidrahmane, Jemil ould Mansour, Ba Bamadou Alassane, Balas et Mohamed Vall ould Lemrabott.

                                                                                         

     Biry Diagana