Dégradation de l’état de santé de Biram : «Des conséquences désastreuses à redouter» (avis médical)

31 October, 2015 - 10:32

Bien mal en point depuis quelques mois, le président de IRA, Biram Dah Abeïd continue de souffrir dans sa cellule à la prison d’Aleg où il purge une peine de deux ans, en compagnie de son adjoint Brahim Bilal Ramdhane.

Biram Dah Abeid est aujourd’hui « alité » dans une cellule de la prison d’Aleg et ce depuis un mois. « Il souffre le martyr, jour et nuit, suite à un mal qui ne cesse d’empirer, dans l’indifférence totale et sans avoir accès à d’autres soins que quelques sédatifs qu’il prend de temps à autre », s’émeut le collectif de défense. Les spécialistes  disent craindre des «complications s’il n’y a pas une prise en charge urgente et appropriée ».Le gouvernement, de son coté, continue de faire la sourde oreille et réprime les manifestations de protestations des militants abolitionnistes à Nouakchott. 

 

Pour rappel, le 25 août 2015, Biram fut évacué en urgence vers l’hôpital régional d’Aleg, suite à une crise de douleur à la jambe droite. Là, il fut examiné par le Directeur régional de la santé et deux autres médecins accompagnés d’un radiologue. Unanimes, ils  déclarent sans ambages «que les moyens à leur disposition à Aleg sont insuffisants pour leur permettre de poser valablement un diagnostic. Il leur faudrait, notamment, lui faire passer un scanner ». Dans l’attente d’un tel examen, les médecins prescrivirent au malade des calmants qui se sont très vite révélés insuffisants pour atténuer des douleurs qui sont devenues vite insupportables.  « Malgré cet avis médical clair, le Parquet n’a pas jugé utile de donner suite », regrettent ces avocats. 

 En raison de  la dégradation manifeste de l’état de santé du détenu Biram Dah Abeid, se traduisant par la propagation de la douleur dans la jambe gauche puis dans tout le bas du dos et après une nouvelle crise d’une rare intensité,  le Parquet général d’Aleg s’est vu obligé de faire venir le Directeur régional de la santé ainsi que le Médecin chef de l’Hôpital d’Aleg le 18 octobre 2015 à minuit pour l’examiner.

Malgré sa situation sanitaire jugée «préoccupante » par une équipe de neurologues mauritaniens mandatés par le ministère de la justice et recommandant son évacuation vers une structure sanitaire adéquate , les autorités campent sur leurs positions . Pourtant, après examen, Cheyakh et Sidi Ould Youma avaient estimé que le cas de Biram nécessite une prise en charge appropriée. A en croire IRA, les  deux médecins avaient  jugé important le  transfert  de Biram vers Nouakchott ou tout autre  lieu disposant d'équipements appropriés notamment un scanner pour un meilleur diagnostic. Loin d’être ébranlé, le leader abolitionniste continue d’enchaîner les visites. Si certaines restrictions avaient été enregistrées, les responsables pénitenciers semblent lâcher du lest. Les militants de IRA, proches et sympathisants continuent de déferler à la prison d’Aleg pour non seulement s’enquérir de l’état de santé de leur dirigeant mais aussi pour lui renouveler soutien et solidarité dans cette épreuve difficile.

Après les diplomates européens, c’est le tour d’une délégation de l’ambassade des USA à Nouakchott de se rendre à Aleg. Le   médecin américain, qui a consulté Biram, a corroboré l’avis médical émis par les deux neurologues jugeant « indispensable des radios poussées afin de déterminer la nature de sa maladie », faute de quoi, tranche-t-elle, «  sa situation risquerait d'avoir des conséquences désastreuses». Une éventualité déjà évoquée par plusieurs responsables de l’organisation abolitionniste. Balla Touré a indiqué, lors d'une conférence de presse tenue, ce jeudi 22 octobre au siège du FONADH que son organisation a décelé une volonté manifeste des autorités de maintenir Biram dans un état de souffrance inhumaine. Dévoilant les propos qu'aurait tenus le  procureur de la République d'Aleg, affirmant que : « tant qu'il continuera à être debout, il ne sortira pas de la prison pour des raisons médicales », Balla avait appelé les autorités à se ressaisir en procédant à son transfert pour une prise en charge appropriée afin d'endiguer la maladie.