Justice : Gardés à vue ou gardés à vie

26 October, 2015 - 15:57

Bientôt un an que les impliqués dans l’affaire de la SOMELEC : Le chef service de la comptabilité et quelques caissiers (Rosso, Kiffa, Sélibabi, Akjoujt) sont en garde à vue à la prison centrale de Nouakchott. Comme eux, la vingtaine de personnes impliquées dans l’affaire du trésor dont des anciens comptables d’ambassades , trésoriers régionaux et percepteurs attendent encore à Nouakchott et à Bir Mogrein de savoir quel sort leur réserve la justice du roi. De l’autre côté, plusieurs milliers de prisonniers jetés parfois dans les tréfonds des bagnes pour des futilités sont là depuis des années. Sans espoir que leurs dossiers (s’ils existent) soient « remués » pour s’exprimer dans un jargon que les usagers du palais de la justice de Nouakchott connaissent bien. En Mauritanie, les procédures de justice sont particulièrement lentes. Pour toute affaire, il faut à la fois tout le temps de l’avocat, d’inextricables relations avec les juges en charge du dossier et une forte dose de Baraka sans laquelle rien ne va. Sinon comment dans un pays prétendument de droit des hommes responsables sont gardés aléatoirement en vue sans savoir quand ni dans quelles conditions leur dossier sera examiné. Pourtant, il arrive que des dossiers très (graves) soient traités dans la plus grande urgence pour ensuite procéder en catimini à la libération de ceux ou celles qui y sont impliqués. Exactement comme dans la fable des animaux malades de la peste où selon que vous soyez puissant ou misérable la justice du roi vous rendra blanc ou noir. En cela, les exemples ne manquent pas. Comme le cas de ce comptable d’ambassade qu’on a fait « coucher » à tort pour de simples règlements de comptes après avoir bénéficié d’un non lieu accordé par un juge qui a estimé après examen de son dossier qu’il était tout simplement vide. Ou celui de cet autre qui détient tous les justificatifs de toutes les dépenses engagées au sein de son institution diplomatique. Normalement, ces détenus doivent être rapidement jugés. Condamnés ou relaxés. C’est un principe fondateur de la justice que de connaître expressément son sort judiciaire. Ni plus. Ni moins. C’est la moindre des choses. Une petite opération d’arithmétique permet d’avoir une idée du traitement sélectif des dossiers pendants devant les tribunaux. Tout l’argent réclamé par la SOMELEC à ses fonctionnaires en prison ajouté à celui dont le trésor accuse sa vingtaine de cadres fait au maximum six à sept milliards d’ouguiyas. Or, il est arrivé que la justice ou l’Etat pour être précis libére des hommes qui se sont « enturbannés » sur des dizaines de milliards…Sans autre forme de procès. Que la pression d’une influente tribu ou la peur que trop d’investigations puisse mener à on ne sait où vers on ne sait qui ? Sneiba.