Déclaration: Sauver le dialogue national

24 October, 2015 - 09:50

L’organisation du dialogue national bute aujourd’hui sur des polémiques politiciennes, il est bloqué parce que les dirigeants politiques ne sont pas parvenus à accorder les intérêts partisans à l’intérêt  général. Or la solution à ce problème c’est le dialogue-même : Il suffit de mettre sur la même table des négociations le crédit de chacun, qui ainsi vient s’ajouter aux crédits des autres pour former un potentiel global qui deviendra le crédit de la Nation toute entière.

 

 

Le dialogue, mode privilégié de l’élaboration de la politique nationale

 

Or ce que nous avons vécu jusqu’à présent c’est exactement l’inverse : Chaque tendance politique épuisait son crédit uniquement pour son propre compte, dans l’intérêt de son propre projet, en s’opposant aux autres tendances. Le potentiel général de la Nation s’en trouvait affaibli, l’exposant à tous les dangers. Pour une fois les dirigeants politiques devraient, à travers le dialogue, explorer la voie de l’unité nationale, pour garantir la stabilité du pays et le sortir de la crise. Ils verront alors par eux-mêmes qu’ils peuvent se retrouver sur beaucoup de questions importantes pour la Mauritanie et sur les moyens de les mettre en  œuvre.  Alors la table du dialogue deviendra le lieu privilégié de l’élaboration de la politique nationale et la force de la Mauritanie sera ce sur quoi se seront accordés les partenaires.

 

 

L’espoir d’un lendemain meilleur

 

Certes, la Mauritanie connait aujourd’hui de graves difficultés, mais cela n’interdit pas l’espoir d’un lendemain meilleur. Allons au dialogue avec un esprit d’espérance, de tolérance et d’ouverture ! Les propositions seront nombreuses et contradictoires, mais elles devront être discutées loin des particularismes.

 

 

Sans dialogue, point d’issue

 

La Mauritanie traverse des crises multiples et tous s’accordent à dire que le dialogue national est la seule issue pour sortir de ces crises. Mais alors que certains œuvrent pour le dialogue par le discours et par les actes, d’autres prétendent qu’ils sont pour le dialogue, mais cherchent en réalité la réalisation de visées étroites. Seules des visées de leadership peuvent expliquer le refus du dialogue par certains. Sans dialogue, point d’issue. Prétendre autre chose c’est donner libre cours au démantèlement de l’Etat et de ses fondements. Ceux qui refusent le dialogue veulent détruire le pays. Tous ceux qui refusent maintenant le dialogue deviennent les véritables complices de l’entreprise de démantèlement de l’Etat.

 

 

 Le dialogue national sincère

 

 Le dialogue national sincère suppose des partenaires dont l’unique objectif est la réalisation de l’intérêt supérieur de la Nation et la préservation de son unité, même s’ils divergent sur les voies et moyens pour y parvenir. Dans le dialogue national, chaque partie a le droit de proposer, d’accepter ou de rejeter les propositions des autres parties, dans le respect des institutions constitutionnelles. Mais aucune ne saurait poser comme préalable au dialogue un changement des institutions en place, même si le dialogue peut déboucher sur cela.

 

 

Les dangers du refus du dialogue

 

Le dialogue des sourds entre le pouvoir et l’opposition a rendu impossible la définition et la communication des normes du dialogue national, mettant en danger la stabilité de notre pays. Le refus du dialogue et l’orchestration des conflits a installé la Mauritanie dans le chaos et organisé l’anomie, en désintégrant les normes qui assurent l'ordre social. Le refus du dialogue devient criminel dès lors qu’il prétend à devenir la norme.

 

Sans langage commun, un groupe explose.

 

L’ingénierie sociale nous apprend que « sans langage commun, un groupe explose.». Pour désorganiser une société et la détruire à terme, il suffit de briser son continuum en brisant sa capacité au dialogue. Sans normes, sans langage commun, la société explose. L’idéologie de la dissension, qui cherche à empêcher voire interdire le dialogue et qui ramène tout au choix partisan, est le virus du dysfonctionnement social.

 

Dialogue ou manœuvres de dialogue ?

 

La Mauritanie a besoin d’un dialogue national sincère, pas d’un dialogue des manœuvres. Si la classe politique ne veut pas dialoguer, le peuple doit reprendre l’initiative du dialogue national et empêcher notre pays d’être jeté dans les poubelles de l’histoire. Attendons-nous d’être crucifiés sur le mur des conflits africains et qu’on nous prenne la main pour nous conduire dans une capitale étrangère et nous dicter un accord que nous n’aurons pas choisi. La Mauritanie mérite t’elle cela ?

 

Elargir le dialogue national

 

Le dialogue national doit être élargi aux notables, aux leaders d’opinion, à tous les courants de la société civile et aux syndicats, pour permettre à tous de jouer pleinement leur rôle dans le rapprochement des points de vue. Chaque citoyen doit inciter ses voisins, ses amis et tous ses proches à accepter le dialogue dans l’intérêt de la Nation, sur la base du respect des différences et de l’inclusion sociale.

 

L’unique solution à nos crises

 

L’importance du dialogue politique national découle du fait qu’il représente l’unique solution à nos crises. Le chemin qui conduit aux solutions de nos problèmes c’est celui du dialogue responsable, basé sur le respect de nos différences, sous l’égide de la Nation. Il n’y a pas d’alternative au dialogue pour la solution des crises que vit notre pays et son refus conduit à la destruction de l’Etat.

 

L’échec du dialogue sera celui de la Mauritanie

 

Les politiques doivent savoir qu’ils seront responsables devant le peuple et  devant l’histoire de la réussite du dialogue national et qu’ils ne seront plus crédibles devant leurs partisans et leurs alliés, qui leur tiendront rigueur s’il échouent dans le processus du dialogue. L’échec du dialogue national sera celui des dirigeants politiques, ce sera aussi celui de la Mauritanie.

 

 

 

 

 

Nouakchott, le 21/10/2015         

 

 

 La présidente  Savia Bardass