Ahmed Samba Ould Abdallahi, Cadre de l’APP, ancien candidat à la mairie du Ksar : ‘’Un dialogue sans le FNDU et la CUPAD ne sera qu'une scène de théâtre piètrement organisée’’

17 September, 2015 - 09:47

Le Calame : En dépit du refus du FNDU et  de la demande de report de la  CUPAD, le pouvoir a organisé des journées de concertation préliminaires pour le dialogue national. Comprenez-vous à APP pourquoi le pouvoir a subitement décidé d’ignorer  l’opposition ?

 

Ahmed Samba Ould Abdallahi : Evidemment non. L'APP ne comprend pas l'insistance du pouvoir à lancer un dialogue/monologue où ne vont siéger que les partis de la majorité présidentielle et quelques organisations de la société civile. Un tel dialogue sera insuffisant voire inutile, car il ne pourra pas apporter les réponses aux multiples problèmes politico-sociales qui gangrènent la vie politique du pays et qui risquent de compromettre notre avenir, si la crise politique, installée depuis l'arrivée de Mohamed ould Abdel Aziz, continue à diviser la classe politique en deux, voire trois, fractions, à la limite de l'affrontement ouvert.

 

 - Pensez-vous que le FNDU et la CUPAD ont raison de boycotter ces  journées de concertations ?

 - Oui, je pense que la FNDU et la CUPAD ont bien fait de boycotter les assises de concertation, unilatérales imposées par le pouvoir. La participation de la CUPAD à ces journées ne serait d’une utilité quelconque, quand on sait qu'elle a déjà assisté au dialogue de 2011 avec le pouvoir, dialogue boycotté par les partis du FNDU, sans que ce dialogue ne puisse aboutir à régler la crise politique qui handicape le pays. Donc, participer à un autre dialogue qui se tient dans les mêmes conditions que celui de 2011, serait un non-sens, une aventure inutile, et compliquerait les problèmes, plutôt que contribuer à leur trouver des solutions. Je pense, non seulement, que le FNDU et la CUPAD ont eu raison de boycotter les assises de concertation qui viennent de prendre fin, mais, aussi, qu’ils ne doivent assister à aucun dialogue avec le pouvoir, tant que ce dernier ne donne pas des assurances suffisantes quant au respect de ses engagements, afin d’instaurer un climat de confiance impératif à tout dialogue sérieux.

 

- Que peuvent  apporter  des journées de concertations  et, éventuellement, un dialogue politique national, sans les deux principaux pôles de l’opposition ?

- Des journées de concertation et un dialogue qui se tiendrait en l'absence des deux principaux pôles de l'opposition – le FNDU et la CUPAD, en l'occurrence – ne sera qu'une scène de théâtre piètrement organisée.

 

- Quelle réplique peut-on s'attendre de l'opposition?

- Je pense que le pouvoir a compris la leçon. Il s'est rendu à l'évidence que les choses ont changé. Les populations du Tiers-monde sont de plus en plus conscientes et exigent, de leurs gouvernants, beaucoup plus de sérieux et de transparence, dans la conduite des affaires publiques. Cela s'est très bien illustré lors de ces assises, d’où le manque d'intérêt que les citoyens ont accordé à ce non-événement, vide de tout sens. Ce seul constat devrait suffire, comme effet dissuasif, pour empêcher le pouvoir de continuer son insensée démarche solitaire du dialogue et le ramènera à y renoncer. Mais, dans l'hypothèse où Mohammed ould Abdel Aziz persiste dans sa logique biaisée du dialogue, l'opposition saura lui apporter les corrections que cela mérite, comme elle a, ailleurs, toujours su le faire, à chaque fois que le besoin s’est fait ressentir.

 

- A la lecture de vos différentes sorties médiatiques, vous  paraissez  très critique vis-à-vis de votre parti. Je me trompe ?

Certes, il m'est arrivé de dénoncer certaines pratiques qui dérogent à la ligne du parti, ce qui est très normal dans une formation politique où l’on accepte l'autocritique. Hélas, nos partis sont encore très en retrait, par rapport à l'idéal de la pratique démocratique qu'ils exigent du pouvoir et qu’on ne trouve pas en leur sein.

Propos recueillis par DL