Lettre Ouverte à Monsieur le Ministre de l’Education Nationale

27 August, 2015 - 01:28

Un Etat qui ne réussit pas l’éducation de ses enfants peut-il espérer réussir autre chose ?

 

Objet :    Ecole publique en faillite

 

Le système éducatif n’est pas en crise. Il est simplement dans le gouffre total. L’Etat, les syndicats, les parents d’élèves et les élèves eux-mêmes sont en train de jeter l’Education nationale dans les abysses d’un effritement préjudiciable à l’avenir de la Nation. D’ailleurs d’ici peu de temps, quand les générations actuelles auront tiré leur révérence, la Mauritanie risque de ne plus disposer d’une forte et solide élite intellectuelle et de cadres techniquement compétents. D’abord parce que les apprenants sont de plus en plus d’un niveau désastreux à cause d’une pédagogie défaillante, d’un laisser-aller impuni et d’une anarchie qui font des lycées et des écoles de simples lieux d’amusement et de rencontre où tout est permis et tout se permet  au gré de la civilisation du loisir et de la pernicieuse démocratisation. Ensuite, l’Etat n’a plus de  souveraineté sur l’Education qui est  pourtant le berceau de la République. Toutes les orientations du système éducatif sont dorénavant définies par les bailleurs de fonds qui élaborent eux-mêmes les chantiers qu’ils imposent à l’Etat. A cause d’eux et avec le consentement de l’Etat, l’exigence du nombre submerge l’exigence du savoir parce qu’ils font primer la quantité sur la qualité. Plus grave, la situation de l’enseignement est telle que l’ambition d’enseigner ne s’adresse à personne. Le métier d’enseignant est devenu le débouché qui reste quand on a tout tenté et tout raté. Les parents se rabattent sur les établissements scolaires privés laïcs. Mais ceux-là sont parfois pires car ils gèrent plus le client que l’apprenant. Le constat est donc alarmant : toute une génération est en train d’être sacrifiée par des acteurs de l’école ! « Nous sommes foutus ! » lance un élève ayant fui le public pour aller dans le privé. Et Dieu sait pourquoi son cri est l’expression de la désespérance. AZIZ il s’est encore  trompé car l’éclatement du Ministère de l’Education n’est point une réponse à la question posée  en procédant ainsi, le Président AZIZ fait de l’enseignement une colossale machine bureaucratique et parasitaire confiée à des incompétents et des ruffians qui n’entretiendront qu’un appareil éducatif surdéveloppé avec une Education qui ne fonctionne plus sur la base d’une loi d’orientation. L’Ecole Publique en Faillite continue. UN ETAT QUI NE REUSSIT PAS L’EDUCATION DE SES ENFANTS PEUT-IL ESPERER REUSSIR AUTRE CHOSE ?

 Aujourd’hui, l’école est dans une situation lamentable ! Le développement passe d’abord et avant tout par un système Educatif Performant.

Le développement passe d’abord et avant tout par un système éducatif performant. Or, sur ce plan, la faillite de l’Etat est patente. Il y a de quoi avoir des sueurs froides à propos du système éducatif mauritanien  qui ne cesse de tomber dans la décadence. L’éducation est pourtant un service public dont l’organisation et le fonctionnement sont assurés par l’Etat. Mais qu’est-ce que ce dernier à fait de l’héritage Daddahien de l’école mauritanienne ? Hier adulée et enviée pour avoir produit un nombre important de ressources humaines de valeur, on peut se demander aujourd’hui et à juste titre, ce qui peut encore motiver un parent à envoyer son fils à l’école publique. L’école traverse une crise structurelle grave qui met à nu la faillite de l’Etat. Le préscolaire est assuré par le privé. Le manque de qualité a fait que le niveau de l’enseignement s’est beaucoup trop affaissé. Le taux d’achèvement constitue un énorme problème. 78,51% de jeunes mauritaniens, âgés de moins de 20 ans, ont abandonné l’école avant de terminer le premier cycle de l’enseignement secondaire. Le nombre infini des jeunes élèves qui ont la chance de décrocher le Bac, entre, la plupart du temps, à l’université qui est synonyme de garderie d’adultes avec son taux d’échec en première et deuxième année qui dépasse les 80%. Et pour les rescapés qui terminent la licence, ils sont pour beaucoup confrontés au problème tant décrié de l’inadéquation entre la formation et l’emploi. Encore que ces problèmes souvent montrés du doigt n’ont que trop duré. L’école mauritanienne croule sous le poids de ses innombrables problèmes. Hélas ! Trois fois Hélas ! Quelle misère !

 

                                                         AHMED BEZEID OULD BEYROUCK

                                                                                chroniqueurbeyrouck@gmail.com