Pillage du patrimoine de l’Etat : le tour de Nouadhibou

27 August, 2015 - 01:16

Après avoir mis la main sur les immeubles et terrains de l’Etat à Nouakchott, le groupe de prédateurs  poursuit son opération de vol du patrimoine public, en programmant cette fois la ville de Nouadhibou qu’il a décidé de dépouiller, à son tour et au plus vite,  de ses meilleurs espaces.

Il y a longtemps que les habitants de cette région ont perdu tout espoir dans l’action du Gouvernement pour améliorer leurs conditions, malgré qu’Allah a pourtant doté cette wilaya de toutes les richesses minières, halieutiques et pastorales et d’une position géographique exceptionnelle.  Ceux qui pensaient, de bonne foi, que l’expérience de la zone franche, pouvaient inverser les choses et sauver la région, se sont finalement rendus à la raison, en réalisant qu’il s’agit d’un échec retentissant. D’ailleurs, ils ne demandent pas mieux aujourd’hui qu’un retour au système antérieur. Mais, si on pensait qu’on pouvait priver la région de toutes ses richesses et la martyriser à volonté, cela ne pouvait quand même pas aller au point où on pouvait lui voler ses espaces de terrains. Erreur !! Le rouleau compresseur des prédateurs avance inexorablement et les derniers terrains publics seront privatisés au profit du même groupe de personnes qui a déjà fait le coup à Nouakchott.

Le coup d’envoi de l’opération est toujours le même : une autorisation du Conseil de Ministres, puis un communiqué au public annonçant les « enchères », tous deux rédigés de façon laconique, pour juste donner l’illusion de respecter les formes légales.

La liste des biens à vendre n’a pas été rendue publique et en tout cas n’a pas été publiée sur le site internet de la Zone Franche. Elle est donc floue et inclut ce que le Wali veut bien y mettre ou enlever à sa guise. D’ailleurs, elle change de jour en jour. Mais de sources concordantes, elle comprend la Cité IMPAPEC et le Camp SOMIR ; or rien ne prouve que les actes juridiques de cession de ces biens par les départements ministériels concernés à la Zone Franche aient jamais existé. Car, il faut le rappeler, la Zone Franche ne peut vendre que ce qui lui appartient. Toujours selon les mêmes sources, un terrain appartenant à la Mauritel est également proposé aux enchères, ajoutant encore à la confusion.

A ce stade de la procédure et telles que les choses se présentent aujourd’hui, tout porte à croire que l’on se presse, tête baissée, pour clore l’opération. En effet :

  • Sur la valeur des lots, pourquoi, aucun audit sérieux n’a été conduit pour déterminer un plancher raisonnable de prix?
  • Pourquoi les cahiers des charges des lots ne sont pas publiés pour permettre au public de juger de leur contenu, leur opportunité et leur faisabilité ?
  • Comment alors va-t-on distinguer entre les véritables promoteurs qui veulent investir et mettre en valeur les lots et les spéculateurs immobiliers à la recherche de gains faciles ?
  • Pourquoi vendre simultanément tous ces espaces de terrains, augmentant de façon démesurée l’offre par rapport à une demande plutôt normale et organiser ainsi le bradage ?

 

A l’Etat et à la Zone Franche de répondre à ces questions.

 

 

 

Sidi Mahmoud