Le président de l’UPR dans une interview au site Arabi 21 : ‘’C’est l’opposition qui freine le dialogue’’

13 August, 2015 - 02:51

Dans une interview au site Arabi 21, publié le mercredi 5 Août 2015, Sidi Mohamed ould Maham, président de l’UPR, est revenu sur la position de sa formation sur les questions nationales, régionales et internationales de l’heure.

Répondant à une question sur le dialogue politique en Mauritanie, Ould Maham  a déclaré : « Pour l’UPR, le dialogue est continu. Nous œuvrons toujours pour son instauration entre les Mauritaniens de toutes les tendances politiques, puisque nous sommes un système issu du dialogue. Notre référence est l’Accord de Dakar qui a abouti à des résultats politiques qui engagent tous les acteurs nationaux et à la suite desquels ont été organisées des élections qui ont permis de revenir à une vie constitutionnelle normale. Nous avons, par la suite, continué à appeler à un dialogue permanent avec la classe politique. Mais le problème est toujours resté au sein de l’opposition. Notre position envers le dialogue est restée constante depuis 2009. Au départ, l’opposition a répondu favorablement, avant que des divergences internes ne la divisent sur la question. Nous sommes entrés, avec une partie de l’opposition, dans un dialogue national qui a abouti à des résultats importants. Nous avons respecté tous les engagements que nous y avons pris. Dans une seconde phase, nous sommes entrés encore dans un dialogue où l’opposition s’est, à nouveau, divisée. Des élections municipales et législatives ont été organisées, des partis de l’opposition y ont participé, d’autres les ont boycottées. Nous avons essayé l’ouverture d’un troisième dialogue, à la veille de l’élection présidentielle. Mais, comme toujours, l’opposition a eu problème. Vous aurez constaté que, depuis 2009, les appels au dialogue du président Mohamed ould Abdel Aziz sont incessants. Certains partis de l’opposition répondent, d’autres refusent ».

Par rapport à une question qui accuse l’UPR de ne pas être sérieux dans sa démarche pour le dialogue, Ould Maham répond : « Si ces appels n’étaient que de forme, ces partis n’auraient pas répondu. Nous sommes entrés, les mois précédents, avec l’opposition, dans de nouveaux rounds. Nous étions sérieux d’engager, avec elle, un véritable dialogue, malgré ses communiqués critiquant tout et divulguant tous les points dont certains devaient pourtant restés secrets, pour n’être discutés que dans les salles du dialogue. Mais l’opposition les a transmis aux journalistes, au point que sa délégation nous a présenté ses excuses pour cela. Malgré tout ça, nous avons travaillé, avec l’opposition, avec sérieux et responsabilité. Nous avons accepté la majorité des points qu’elle a présentés. Nous en avons transmis deux aux commissions techniques et demandé le report de celui relatif à la formation d’un gouvernement de consensus, afin qu’il soit inscrit à l’ordre du jour du dialogue et non pas posé en préalable. Mais nous avons été surpris par des questions de forme, présentées par l’opposition, exigeant des réponses écrites à leur document. Or, nous pensons que l’écriture des étapes préliminaires n’est ni obligatoire ni d’aucune utilité. La poser de cette manière prouve le manque de sérieux de l’opposition et confirme qu’elle constitue un obstacle à l’avancement du dialogue ».

 

Ni Maroc, ni Algérie mais les deux

 

A ce que la presse écrit, à propos de la révision constitutionnelle que le président Mohamed ould Abdel Aziz pourrait susciter, afin de briguer un troisième mandat, le président de l’UPR répond : « C’est faux. Ce ne sont que des rumeurs ». Sur les relations avec les pays voisins, notamment le Maroc et l’Algérie, Ould Maham déclare : « La Mauritanie est un pays souverain. C’est à elle de choisir qui elle reçoit et qui elle ne reçoit pas. Je pense que nos frères d’Algérie et du Maroc ne croient pas à ce que la presse écrit, à propos de nos relations. La position de la Mauritanie sur la question du Sahara est connue. Cette position a prouvé sa sagesse et sa crédibilité, au fil des ans. Nous sommes pour la solution et n’accepterons jamais d’être une partie du problème. Nous appelons toutes les parties à aller vers la solution, la région a besoin de paix et de stabilité. Sous le règne de Mohamed ould Abdel Aziz, la Mauritanie refuse de choisir entre le Maroc et l’Algérie. Nous les voulons tous les deux, en même temps. L’accueil qui a été réservé, au ministre sahraoui des Affaires étrangères est de routine. Ce n’est pas la première fois que la Mauritanie reçoit un responsable sahraoui ». Par rapport à une question sur le report du renouvellement du Sénat, le premier responsable de l’UPR répond : « Le report a été fait sur demande de l’opposition qui voulait un signe de bonne intention, afin de participer au dialogue. Nous l’avons reporté, pour donner une chance à ce dialogue ». Sur une question sur la gabegie qui ne serait qu’un simple slogan et l’apparition d’une nouvelle classe d’hommes d’affaires essentiellement constituée de proches d’Ould Abdel Aziz, Ould Maham a déclaré : « Ce sujet ne mérite pas débat. Nous ne pouvons pas dire que la gabegie est terminée, malgré les efforts déployés pour la combattre. Les systèmes ne créent pas les hommes d’affaires. Ce que la presse raconte, ce sont des accusations sans preuves. Le système de Mohamed ould Aziz est connu pour avoir combattu la gabegie. Certains de ses soutiens sont allés en prison, lorsqu’ils ont été impliqués dans de tels dossiers ». Enfin, sur la position de l’UPR concernant les événements dans le monde arabe (Egypte, Yémen, Syrie et Iraq), le président de la formation au pouvoir a déclaré : « La situation dans le monde arabe doit être revue. Nous sommes contre la balkanisation de ces pays. Des injustices existent, certes, mais l’expérience syrienne a démontré qu’il vaut mieux conserver les Etats. Au Yémen, notre position est la position officielle : il y a un gouvernement légal qui a demandé l’intervention de ses frères. Une chance doit être donnée pour le maintien de la légalité au Yémen. En ce qui concerne l’Egypte, nous sommes pour la stabilité et la paix dans ce pays-frère. Nous pensons que le dialogue, entre les acteurs politiques du monde arabe, est le plus important. Il est inévitable pour résoudre tout conflit politique. Tous doivent revenir à la table des négociations. C’est une règle connue ».

Synthèse de Sneïba El Kory