Aleg : Les trottoirs de la mort

23 July, 2015 - 18:00

Mercredi 22 juillet 2015, aux environs de treize heures, un automobiliste panique et fonce sur des vendeuses de légumes assises aux abords du marché principal de la ville d’Aleg. Bilan : Une femme décède presque sur le coup, victime d’une hémorragie interne et trois autres sont grièvement blessées (graves fractures). Les rescapées sont aussitôt transportées d’urgence vers Nouakchott où l’une d’elle subit une opération, alors que les deux autres dorment dans les services du tristement célèbre H2. Le chauffard (c’en est véritablement un) ne disposerait selon une source policière d’aucun papier y compris le permis et aurait tout simplement profité de l’inattention d’un proche parent pour aller faire des morts en ville avec sa 190. Il est évidemment aux arrêts au niveau du commissariat de la ville en attendant que les tractations tribales qui ont déjà commencé lui permettent d’aller se la couler douce dans son Dar Naim natal où réside le campement de ses parents. Pour qui ne connaît pas Aleg, l’emplacement des boutiques du marché est quasiment sur le goudron. C’est sur une petite bretelle qui mène à l’agence de la BMCI à quelques encablures de l’auberge de l’espoir que des dizaines de commerçantes exposent chaque jour leurs marchandises et c’est là que le chauffard de Dar Naim est justement venu faucher quelques unes d’entre elles ce maudit 22 juillet. En 2001, aux environs de quatre heures du matin, un camion remorque dont le chauffeur a raté le virage est allé droit dans les boutiques du marché alignées sur le goudron. Au moins cinq de ses passagers meurent sur le coup. Et n’eût été la nuit, l’accident allait probablement faire une véritable hécatombe. Paradoxalement, l’ancien marché d’Aleg, dont les boutiques sont si dangereusement placées, est situé juste sous « la montagnette » sur laquelle se trouvaient il y a encore quatre ans tous les bureaux administratifs de la wilaya et où se trouvent encore ceux du Hakem qui est administrativement le premier responsable de la ville. Mais, c’est toujours comme ça en Mauritanie, il faut attendre que la catastrophe advienne pour commencer à réfléchir à faire quoi que ce soit.