De rectification… en restauration

3 June, 2015 - 01:14

Voilà sept longues journées que notre guide éclairé poursuit sa chevauchée fantastique dans les régions du Brakna et du Trarza. Avant d’achever sa tournée par celle du Guidimakha qui ne sera pas, en cette canicule, une partie de plaisir. N’empêche ! Notre rectificateur en chef, qui veut sans doute démontrer que sa réputation de marathonien n’est pas usurpée, s’est juré de faire le tour du pays avant la fin de l’année en cours. Pour quels desseins ? Se prouver, ou prouver à ses détracteurs, que son plus que mitigé bilan n’a pas entamé sa popularité ? Mobiliser les électeurs pour un objectif encore inavoué ? Battre le rappel des troupes, pour se convaincre qu’après lui, ce sera le déluge ? Il y a, en tout cas, plusieurs zones d’ombre et des signaux que personne n’est parvenu à décrypter. Comment expliquer, en effet, un tel déplacement pour inaugurer une petite rizerie, une bretelle entre deux bourgades ou une unité de dialyse qui ne fonctionnera que le temps d’une visite ? Pourquoi tient-on à ce que les accueils populaires soient les plus grandioses possible ? Quels messages cherche-t-on à faire passer, à travers ces bains de foule « spontanés » ?

Quatre ans avant la fin de son deuxième – et dernier ? – mandat, Ould Abdel Aziz cherche-t-il, dès à présent, un subterfuge pour faire sauter le verrou constitutionnel qui les limitant à deux ? Lors de sa dernière conférence de presse, il a lâché, à cet égard, un mot, pas vraiment anodin, dont peu de gens ont saisi la portée. « Moi ou quelqu’un d’autre », a-t-il en effet répondu, à une question qui impliquait une allusion au prochain dirigeant du pays. Alors que cette alternative n’est pas même envisageable. Du moins si l’on respecte la Constitution, Mohamed ould Abdel ne peut plus être au pouvoir après 2019. Quelques semaines avant cette saillie, l’homme avait éludé une question d’un autre journaliste qui lui demandait de dire, explicitement, s’il comptait passer le relais à la fin de son mandat. Les grandes manœuvres ont-elles déjà commencé, bien avant l’heure, pour nous servir un plat très  peu ragoûtant? Il est vrai que le peuple mauritanien y fut longtemps astreint. Mais, à l’heure où l’on peut trouver si facilement des prunes, à l’étal de nos marchés, nous contenterons-nous de les avaler, sur ordre ? Les Burkinabé, qui ne sont pas, somme toute, beaucoup plus fins gourmets que nous, nous ont ouvert la voie à des goûts moins sommaires. Leur préférerions-nous la gastronomie burundaise, à cet égard aussi grossière que frugale ? Les paris sont ouverts…

Ahmed Ould Cheikh