Mauritanie : coup de colère d’une députée pour défendre Ould Abdel Aziz

18 May, 2015 - 00:30

Thomas Hofnung, un nom qui ne laisse pas indifférents ceux qui s’intéressent à l’Afrique. Ses chroniques et ses analyses sur le continent africain sont appréciées. La création d’un journal en ligne spécialisé sur l’Afrique par Le Monde a été saluée par tous ceux qui s’intéressent à ce continent. Tous les articles de ce nouveau média sont attendus et scrutés à la loupe. Et puis dans la parution du 24 avril 2015 (17 heures 24), l’on tombe sur un article qui parle de la Mauritanie. On se félicite qu’il ne s’aligne pas sur le triste travers des clichés liés à l’esclavagisme. Cette fois, l’on parle du chef de l’Etat et l’on s’attend à avoir des nouvelles fraîches, sur sa gestion du pays. Mais très vite on déchante.

L’article nous sert du super réchauffé vieux d’une dizaine d’années. Bien entendu, il n’est pas interdit de revenir sur des thèmes, même anciens, s’ils ont connu une quelconque évolution. Mais dans le cas qui nous intéresse, il s’agit d’une suspicion portée sur le Président mauritanien du temps où il n’était pas au pouvoir. Et de conditionnels en approximations, on apprend qu’il aurait été mêlé à une affaire de fausse monnaie et que des enregistrements analysés par les experts l’associeraient à un Ghana gate de faux monnayeurs. Mieux, le censeur de cette nouvelle affaire africaine n’est autre que Sherpa et le célébrissime avocat, Monsieur Bourdon, celui qui veut sauver les masses africaines des errements de leurs prédateurs locaux, les chefs d’Etats et leurs biens mal acquis. C’est bien connu : L’Afrique immature a bien besoin de tuteurs.

Cependant, pour remettre les choses à leur juste place, l’article cite aussi les faits d’actualité et la place que le Président Mohamed Ould Abdel Aziz s’est taillée sur la scène internationale comme l’un des meilleurs atouts dans la lutte contre l’obscurantisme djihadiste. Il cite Alain Antil, chercheur à l’IFRI (Institut français des relations internationales). « Aziz a de très bonnes relations avec Paris, car il est considéré comme un partenaire fiable dans la lutte antiterroriste ». Et l’on apprend aussi que la Mauritanie du Président Aziz « est membre du G5-Sahel, un groupe réunissant cinq pays de la région décidés à lutter contre les groupes djihadistes dans la région. Un détachement des forces spéciales françaises participe à la formation des unités antiterroristes mauritaniennes à Atar, dans le centre-ouest du pays ».

Que l’opposition mauritanienne cherche à tailler des croupières au président en exercice, n’est-ce pas de bonne guerre ! Est-ce bien nécessaire de lui servir la soupe en exhumant des suspicions vieilles de dix ans. L’intégrité du Président mauritanien n’est plus à prouver, cet homme qui est si proche des réalités qu’il n’a pas eu peur de prendre des risques qui ont failli lui coûter la vie. Voilà qu’on lui reproche d’avoir été victime, il y a dix ans, d’une "arnaque nigériane" tendue par des adversaires politiques. Et voilà que Thomas Hofnung se place comme l’allié d’un homme d’affaire en exil dont l’origine de l’enrichissement est douteuse et d’un avocat à la recherche d’honoraires conséquents. Je n’ose pas y croire.

Quand on n’adhère pas à ce nouvel afro optimisme de réclame, parfois sans fondement, qui fait de ce continent l’avenir du monde alors qu’il peine à assurer celui de ses enfants, quand on connaît la Mauritanie si loin des analyses en prêt-à-porter pour africanistes, quand on est conscient des énormes faiblesses de ce continent et content des petits pas louables de certaines de ses nations vers le développement, on se demande s’il ne mériterait pas mieux que ces exhumations sporadiques d’exhalaisons nauséeuses qui pensent remettre les pendules à l’heure ; ces irruptions incongrues et agaçantes de mentors autoproclamés qui veulent ressusciter ad vitam aeternam la mission civilisatrice de triste mémoire.

Pourquoi ne pas parler de ce qui est, non de ce qui aurait été et de ce qui serait ; juste de ce qui est, tout simplement. Alors, nous serions obligés de reconnaître que loin des clichés pour africanistes du dimanche, nous trouverons des leaders attachés au développement de leur pays. Alors, on s’autoriserait à apprécier l’action des dirigeants de la Mauritanie et le parcours exceptionnel que ce pays réalise depuis une dizaine d’années.

KANE HABSATTOU YAHYA Députée de Sélibaby

 

 

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