Dialogue politique : La délégation du FNDU récusée

9 April, 2015 - 01:43

La composition ou  le niveau de « représentativité » de la délégation du forum national pour la démocratie et l’unité (FNDU)  au dialogue politique serait, de l’avis de nombre d’acteurs politiques des deux camps  mais aussi des observateurs,  l’obstacle  aux  préliminaires du dialogue  prévus, on se le rappelle,  le jeudi dernier et  désormais reportés, sine die. Comme aussi le dîner que le monsieur dialogue du pouvoir avait eu l’intention d’organiser   au profit des responsables du Forum et de la majorité. Une façon  pour Moulaye Ould Mohaled Lagdhaf de déblayer le terrain avant le démarrage des préliminaires.  Tout semblait  donc  prêt pour un premier tour de table entre les  protagonistes, mais c’était sans compter sur  une méfiance à la peau trop dure mais aussi aux calculs des uns et des autres.

Après avoir  réussi à maintenir la cohésion de ses pôles politiques, personnalités indépendantes, société civile et syndicats, le FNDU a finalisé son document réponse  à la proposition du pouvoir et constitué une délégation composée de Me Mahfoudh Ould Betah, président du pôle politique, Samory Ould Beye, des syndicats, Me Ahmed Salem Ould Bouhoubeyni (personnalités indépendantes) et Sarr Mamadou  (société civile). Cette délégation avait donc pour mandat de discuter les préliminaires avec une délégation de la majorité.

Une délégation constituée, selon diverses sources  d’un conseiller du président de la République, d’un conseiller du premier ministre et d’une personnalité des partis de la majorité présidentielle.

Au vu de la délégation du Front, le pouvoir se rétracte et « récuse » presque et la composition  de la délégation et son « niveau  de  représentativité ». En effet, selon un député de la majorité au fait des tractations, le  pouvoir  a décidé de « débrayer ». Le dialogue étant politique, le pouvoir ne comprend pas que le Forum lui envoie une délégation où le politique est largement en minorité. Selon ce parlementaire, les questions  politiques, donc l’avenir de la Mauritanie doit se discuter entre les partis politiques et non avec les syndicats, la société civile et les personnalités indépendantes.  

Il apparaît clairement ici que le pouvoir, en proposant  le dialogue avec son opposition, notamment le FNDU souhaitait débattre avec des grands partis  du forum. «On ne peut envisager un dialogue avec l’opposition sans  l’essentiel  des partis politiques», précise notre député. Il est clair désormais que le pouvoir ne voudrait pas discuter avec  le forum  sans certains partis  dits  «traditionnels » du FNDU comme le Rfd d’Ahmed Ould Daddah et l’UFP de Mohamed Ould Maouloud.  Des partis qui pèsent sur l’arène politique nationale, au vu de leurs performances  et  leurs résultats électoraux. L’expérience de 2011 est passée par là. Visiblement, le pouvoir actuel n’entend plus désormais courir derrière  le dialogue avec son opposition dite « radicale ».

Le pouvoir de Mohamed Ould Abdel Aziz a, depuis 2011 cherché à dialoguer voire  à « dompter » son opposition ; il n’a pas su ou pu, depuis lors, et en dépit de la volonté de certains partis d’aller au dialogue,   les embarquer  ou  les rouler, comme à Dakar, dans la farine. Aujourd’hui, le dialogue politique avec l’opposition n’aurait  de sens que s’il met en prise les  partis politiques  qui, d’une certaine façon, « troubleraient » le sommeil d’un président qui coule son dernier mandat et que l’opposition suspecte de « manœuvres » visant à l’embarquer dans cette entreprise.

Du côté de l’opposition, même si on semble minimiser ce  énième « incident de parcours», l’affaire pourrait se débattre au cours d’une réunion du présidium du FNDU. Mais on commence de plus en plus à douter de la volonté réelle du pouvoir d’Ould Abdel Aziz d’aller à un dialogue sincère. Ses invitations répétées à plusieurs occasions finissent par se dégonfler au contact de la réalité. ‘’Il ne suffit pas de dire qu’on veut dialoguer, il faut joindre l’acte à la parole’’, nous a déclaré ce membre de l’opposition pour qui, ‘’si Ould Abdel Aziz était vraiment sincère, rien en l’empêche de mettre le dialogue sur les rails mais il n’en a nullement la volonté’’. Espérons que les faits le démentiront.

DL

 

 

 

 

 

Dialogue politique : Messaoud ould Boulkheïr refuse la marginalisation de l’APP et de la CUPAD

Au cours d’un rassemblement organisé à Arafat, le dimanche 5 Avril, par l’Alliance Populaire Progressiste (APP), le président Messaoud ould Boulkheïr a dénoncé les manœuvres visant à écarter son parti et la Convention pour l’Unité et la Pacifique Alternance Démocratique (CUPAD) du dialogue politique en gestation entre le pouvoir et le FNDU. « Nous refusons d’être marginalisé des tractations en vue d’organiser un dialogue politique national », a-t-il déclaré. Pour l’ancien président de l’Assemblée nationale, on ne peut pas ignorer le rôle et le poids de ce pôle politique et de son parti, dans toutes les initiatives visant à trouver des solutions aux problèmes du pays. Devant un parterre de militants tout acquis à ses thèses, le leader haratine a rappelé qu’il a toujours inscrit son action dans la recherche  de solutions consensuelles aux problèmes que connaît le pays. Des problèmes qui ont pour noms : injustice, racisme, tribalisme, népotisme et pillage des ressources. « Nous n’avons jamais pratiqué la politique du ventre, nous osons élever haut la voix pour l’affirmer. Et, pour preuve, nous avons faim, nous avons soif, nous sommes malades, nous avons des problèmes d’éducation ; en somme, nous manquons de tout », a martelé Ould Boukheïr, « mais l’APP demeure debout et fort, il est le premier parti politique de la Mauritanie ! ». Et le président du Conseil Economique et Social (CES) de réitérer son appel à un dialogue politique inclusif.

Abordant la question qui agite le parti depuis quarante-huit heures, suite aux propos tenus, l’avant-veille à Dar Naïm, par son président, celui-ci recadre : « Si j’ai remercié nommément certains cadres du parti pour leur travail et dévouement, ce n’est pas pour critiquer ceux que je n’ai pas cités et je m’en vais rappeler, ici, que si le parti a conquis le cœur des Mauritaniens, s’il s’est imposé sur l’échiquier politique du pays, c’est grâce, évidement, à la synergie des actions de tous ses cadres, hommes, femmes, jeunes… ». De l’avis d’un de ces cadres, les propos du président Messaoud avaient surtout choqué certains membres du bureau exécutif, à qui il serait reproché, non seulement, de n’avoir rien fait, pour la massification de leur parti, mais, surtout, de n’avoir pas porté haut l’initiative de son président. Revenant sur le dialogue en gestation et sa propre initiative de compromis national, lancée il y a bientôt deux ans, le président Ould Boulkheïr a, en effet, déploré le peu d’enthousiasme des cadres de l’APP à vulgariser cette dernière auprès de la classe politique du pays, alors qu’il leur revenait, selon lui, d’en constituer le fer de lance, pour la vendre à tous les acteurs politiques, économiques, sociaux, etc.

Avant l’intervention de leur leader, responsables des jeunes et des femmes, députée nationale et secrétaire général de la section d’Arafat s’étaient relayés pour saluer ‘’l’homme qui a placé, tout au long de sa vie de militant, l’intérêt de la Mauritanie avant tous les autres’’, selon eux.