Les dessous de la visite du Président dans les deux Hodhs: Lancement à Djiguenni d’une pétition pour la révision de la Constitution

2 April, 2015 - 02:58

L’étape de Djiguenni (HodhEchargui) a levé le voile sur un des objectifs inavoués  du périple présidentiel dans le grenier électoral dont sont issus ses deux premiers ministres. Tout comme son prédécesseur Maaouya qui choisit toujours les chefs de son gouvernement parmi les cadres de cette partie de la Mauritanie. Qui a dit changité dans le continuement ?

C’est à partir du chef-lieu de l’arrondissement d’Awaynatt Zbil (département de Djiguenni) qu’est lancée la pétition pour la collecte d’un million cinq cent mille signatures en vue de… modifier la Constitution et permettre, au Président, de briguer autant de mandats qu’il souhaite. La sortie s’est déroulée sans tambours ni trompettes, loin des médias officiels et des personnalités très affichées, côté cour.

Son initiateur, un octogénaire de l’ombre, Moulaye El Hassen ould Limama ouldS id’Chérif, dit Lemchachae, est bien connu dans les arcanes de l’Etat. Ce richissime homme d’affaires auquel l’Etat mauritanien vient de rétrocéder, dans une juteuse affaire, les épaves de tous les engins et tracteurs, renvoie l’ascenseur. Il s’est autoproclamé l’artisan de ce qu’il a baptisé « Initiative Aïoun du 20 Mars 2015 ». Une déclaration au contenu bien ficelé, avec des visées politico-stratégiques bien mûries à la fréquentation des méandres du système. Ceux qui ont suivi l’homme sur le petit écran ou ont eu l’opportunité de lire la déclaration ne diront pas le contraire.

Propulsé sous les feux de la rampe, l’homme joue au cow-boy. Tenue en haleine tout au long du périple – A l’Est, rien de nouveau –l’opinion nationale est interpelée, officieusement, à réagir à ce ballon d’essai destiné à jauger les esprits et mesurer les réactions. Si la pétition réussit, « on » se l’appropriera et elle pourra servir de point de départ à une nouvelle réflexion caressant le Boss dans le bon sens du poil. Si elle échoue, elle n’engagera que son initiateur. Et retour à la case départ ! Diffusée, pour la première fois, sur commande, par la chaîne privée Chinguit TV, avant d’être relayée par divers autres media, la déclaration a suscité un certain nombre d’interrogations. Tant son initiateur est connu dans les méandres du système.

C’est aussi dans ce même chef-lieu de département que l’actuel Premier ministre n’aura pas lésiné sur les moyens pour prendre la tête d’affiche sur un podium bruissant des rivalités, à peine voilées, qui l’opposent au PM sortant Moulaye ould Mohamed Laghdhaf, d’une part, et aux familles des Ehil Khattry et Ehil Abdi ould Jiyid, d’autre part. C’est dans cet ordre de bataille larvée qu’une caravane de ses cousins a quitté le Hodh El Gharbi, pour assister à l’étape de Djiguenni et renflouer les rangs. Parmi eux :Ahamdi ould Hamadi, Mohamed Ghali ould Cherif Ahmed, tous deux anciens ministres ; Ahmed ould Deh, un administrateur ; plusieurs directeurs, cadres, notables et citoyens lambda du Hodh El Gharbi nantis de liens consanguins avec Ould Haddemine.

L’autre tendance tribale, dirigée par le trio Mohamed Lemine ould Khattry, récemment promu directeur de la SONIMEX et aujourd’hui en perte de vitesse au sein de sa communauté ; Vadhili ould El Waghef, député d’Aïoun, et Aboubekrine Ould Ahmed, président du prix Chinguitti ; n’a pas répondu à l’appel du PM.Tous ont cependant usé et abusé du discours tribal et véhiculé des anachronismes d’un autre temps, qui pour mobiliser sur l’opportunité du voyage, qui pour convaincre les siens du contraire. Autres embarqués sur l’échiquier de Djiguenni : Othmane ould Bekar, fils d’une chefferie traditionnelle du Hodh El Gharbi, et Ely ould El Vérik, l’actuel directeur de l’ATTM et homme de confiance d’Ould Hademine, à l’époque où celui-ci dirigeait cette filiale de la SNIM, durant ses années de vaches grasses. (A suivre, prochainement : les dessous de l’étape de Timbédra…)

 

Moustapha ould Béchir

Cp Hodhs