Le Forum social mondial partagé entre répétition et essoufflement

27 March, 2015 - 23:35

Ils sont nombreux à prendre part, depuis quatorze ans au Forum social mondial, entre souci de se montrer, volonté de redorer leur image internationale et envie d'entamer le dialogue. Après s’être  révélé à grand coup d’éclats à la communauté internationale par la contestation de la globalisation, en plus de la dénonciation de l’ordre libéral, l’altermondialisme semble aujourd’hui atteindre  ses limites, du moins baigné dans la répétition. Celle-ci, semblent croire certains, use la capacité de la mouvance altermondialiste à créer le rapport de force, surtout dans un contexte radicalisé par la crise financière. «L’avenir du FSM est inquiétant compte tenu, explique l’algérien Bouazizi Djamel, lors de la table ronde sur « le futur  du Forum social mondial » des déséquilibres. Certes, le débat sur les problèmes mondiaux est intéressant. Mais, dans la pratique, on constate que les sociétés civiles occidentales exercent des pressions et arrivent à contraindre leurs gouvernements. Tout le contraire en Afrique et dans bien de pays sous développés ou en voie de développement où les structures sont paralysées du fait des actions des gouvernants»

Aujourd’hui, le FSM est questionné sur son «  essoufflement  » depuis sa troisième édition en 2003. En fait, bon nombre d’observateurs pensent que « c’est surtout l’intérêt médiatique qui s’est essoufflé, une fois passé l’effet de nouveauté. Et donc, le bénéfice que peuvent en tirer les politiques en campagne électorale ». Mohammed Mouddene du Maroc déplore la place importante accordée aux spectacles alors que les espaces de débat sont restreints. Il s’interroge également sur la transparence des  fonds collectés par le comité d’organisation du FSM.

Nicolas Haeringer de ATTAC France réfute : « Non, dit-il, le mouvement ne s’essoufle pas. On constate cette année une participation plus diversifiée de délégations qu’il y a deux ans. La vraie question, poursuit-il, est de savoir l’utilité des actions à mener et surtout l’impact  de telles actions sur les échanges». La question de la transparence des moyens financiers mobilisés ne se pose pas, rétorque Haeringer. Le comité avait publié ses comptes. A qui appartient le forum s’interroge-til. Les moyens financiers ont été disponibilisés, éclaire-t-il, par des proches sans aucune contrepartie ou condition. Nous veillons aussi à  ce que le forum soit plus accessible grâce aux moyens mobilisés. Si on exigeait des droits de participation plus élevés, le forum perdrait son caractère social ».

«Le Forum social demeure une opportunité unique pour les mouvements sociaux, les communautés locales, les réseaux transnationaux de monter des campagnes pour un autre monde», synthétise Pascoe Sabioo, du think tank Corporate Europe Observatory. Ne baissant pas pavillon, bon nombre d’alters  appellent à une vaste mobilisation : «Il faut qu’on se batte pour construire des mouvements sociaux encore plus forts».

Prudent, Candido Grzybowski,  l’un des cofondateurs du FSM, laisse entendre que: «Le monde n’a pas tant bougé. Il faut que l’on laboure mieux nos thématiques, que l’on retrouve des capacités d’action que la crise a mises sous l’éteignoir.»

Le FSM doit trouver d’autres alternatives sous peine de passer au purgatoire.».