Noblesse vendue

28 February, 2015 - 23:33

Maître Wade sur son arbre perché

Clamait dans son bec ascendance fort plumée.

Il la vantait bien, le bougre, mais elle puait

Comme tout fromage trop longtemps délaissé.

Son fils Karim par l’odeur alléché

Jugea qu’il gagnerait beaucoup à se la déplumer.

Les temps se prêtaient bien à telle nudité

Et la noblesse des Wade en un instant bradée

A l’étal des marchés de quelque conférence,

Le gamin enrichi put goûter à la danse

Des parvenus vit’ fait mais pas vraiment bien fait.

L’odeur restait suspecte et les Sénégalais

Y comprirent enfin qu’on les avait dupés.

On descendit alors le baveux volatile

Qui s’était si bassement servi de la ville

Pour lui substituer quelqu’un de plus commun

Certes mais citoyen et nanti d’un parfum

Autrement plus seyant aux tout simplement nés.

Le déplumé déchu, pleurant, tous les quarts d’heure,

de n’être plus assis que sur son postérieur,

Crut bon d’en appeler à ce que ses ancêtres

Avaient eu tant de mal à ériger en maître.

On vit alors combien père et fils se valaient

Incapables tous deux d’atteindre au marchepied

De leur nom tant naguère haut noblement porté

Et désormais reptile, gluant dans les marais

Des plus infâmes coups, plus basses vanités.

Oh, noblesse trahie en ces temps exilés !

Te voilà à pleurer non seulement ton sang

Mais aussi ta piété, l’esprit qui faisait rang

Sous les glapissements du Gorgui encrotté.

Vite, enterre-le et pars sur les hauts monts

Retrouver ton âme auprès de quelques moutons !

 
feylili