Dialogue en vue: Le FNDU cédera-t-il à la tentation?

12 February, 2015 - 00:17

Le dialogue brandi, par le pouvoir en place depuis 2008, risque de faire voler en éclats l’unité de façade du FNDU, une mosaïque de partis politiques aux agendas et intérêts souvent divergents, de syndicats et de personnalités indépendantes. Cet assemblage saurait-il éviter ce qui ressemble fort à un piège du pouvoir qui avait, jusqu’ici, refusé de céder sur l’essentiel des revendications de son opposition ?

Ces questions taraudent nombre d’observateurs qui se demandent  pourquoi le président Mohamed ould Abdel Aziz a choisi ce moment pour mettre sur la table des propositions susceptibles d’être discutées voire acceptées. Serait-ce une manœuvre pour se donner, par un tour de passe-passe « consensuel et démocratique » la légitimité de garder les commandes ?

Le FNDU cédera-t-il à la tentation ? Le risque est grand, dans la mesure où plusieurs partis politiques du forum sont a priori suspects de vouloir nouer le dialogue avec le pouvoir. L’offre de celui-ci semble pourtant très intéressée : elle ne concerne essentiellement que l’aspect politique, notamment l’organisation d’élections, une occasion, pour certains partis, de retrouver places au Parlement, dans les conseils municipaux et bénéficier, donc, de subventions de l’Etat. C’est ce qui fait dire, à un observateur, que l’offre du Président ressemble, en quelque sorte, à une carotte. Elle est d’autant plus « intéressée » qu’elle n’exclut pas des modifications de la Constitution pour allonger l’âge des candidats à la présidentielle et une présidentielle anticipée. L’ouverture d’une boîte de Pandore par ce que Samba Thiam, le président du FPC, appelle un « tripatouillage » de la Constitution, plane au-dessus du pays. Le FNDU cautionnera-t-il un putsch contre la Loi fondamentale ? Rien n’est moins sûr et le Forum semble bien avoir entrevu le possible stratagème.

Pour le président des FPC, le dialogue politique ne doit pas porter que sur des questions périphériques, comme les élections. Il doit embrasser également les questions prioritaires, notamment la cohabitation entre les différentes composantes ethniques du pays. Il rejoint, en cette idée, plusieurs leaders du FNDU et de la société civile, pour qui le dialogue doit inscrire, sur son agenda, les questions économiques et sociales, la justice et la consolidation de la démocratie.

 

Ould Daddah, un obstacle au dialogue ?

Par la voix de son secrétaire exécutif, invité de Radio-Nouakchott, le FNDU rappelle que la Constitution fixe, en son article 28, l’élection du président de la République. Se fondant sur ce texte, Ould Bellal ajoute qu’Ould Abdel Aziz ne peut plus s’y porter candidat, puisque la loi citoyenne stipule, sans aucune ambiguïté, que le président de la République « n’est rééligible qu’une seule fois ».  Mohamed Ould Abdel Aziz, dont le mandat court jusqu’en 2019, a déjà épuisé cette condition. En d’autres termes, explicite le secrétaire exécutif du FNDU, soit il laisse couler son mandat jusqu’à terme, soit il démissionne et s’en va. La Constitution serait donc intouchable. D’ailleurs, le président du RFD, président en exercice du FNDU, Ahmed Ould Daddah que le pouvoir tient à faire entrer dans son jeu, aurait déclaré qu’il n’était pas intéressé par la modification de l’âge des candidats à la présidentielle. Une offre qui le vise particulièrement, ainsi que Messaoud Ould Boulkheïr.

Plusieurs officines politiques, tant du pouvoir que de l’opposition, semblent accréditer cette probabilité. Le président du RFD qui a été roulé dans la farine par le général putschiste et jeté en pâture, pour avoir contribué à cautionner le « renversement du président démocratiquement Sidi ould Cheikh Abdallahi, en 2008 » n’accepterait pas, à son âge, de s’y laisser vautrer, à nouveau. D’où sa prudence. Serait-il devenu la nouvelle bête noire du pouvoir ? Celui-ci pourrait accepter un certain nombre de concessions pour l’isoler davantage. A en croire certaines confidences, Ould Abdel Aziz chercherait à « accrocher l’UFP » d’Ould Maouloud dans sa dynamique de dialogue. Un danger que l’UFP avait su éviter de courir, lors des dernières municipales et législatives de novembre et décembre 2014.

Bref, le FNDU saisira-t-il la perche tendue par le pouvoir qui cherche à se tirer d’une situation politico-économico-sociale en dégradation continue ? Le Front semble en avoir bien compris les données. Redoutant quelque perfidie, il croit pouvoir prendre son temps, afin de s’assurer de réelles garanties avec le pouvoir. La méfiance reste donc de mise. Ahmed ould Daddah est revenu, depuis quelques jours, à Nouakchott, et rien n’a évolué dans le sens des concertations. Le pouvoir attend un FNDU qui prend tout son temps…

DL