Un mot de solidarité avec la France : l’ennemi de la démocratie est le nôtre !

22 January, 2015 - 00:29

Les 7, 8 et 9 janvier 2015, à peine célébré le Nouvel An, le peuple de France, dont les révolutions sociales et la liberté d’esprit parlent au « genre humain », subissait trois attaques consécutives, dans sa capitale Paris. Parmi les victimes innocentes, l’on retiendra, surtout, la tuerie des journalistes de l’hebdomadaire satirique Charlie Hebdo, symbole d’une violence dirigée, sans ambiguïté possible, contre l’autonomie intellectuelle de la personne qui est le fondement de l’Etat de droit.

Dans notre pays et sous des formes spécifiques, le même agresseur veille et s’active, à l’intimidation croissante de la société, avant de lui infliger le sort du Mali depuis 2011 : une théocratie qui impose la terreur, où la diversité culturelle, la pensée individuelle et la joie deviennent des crimes à éradiquer. Chaque jour, dans nos rues et sur les réseaux sociaux s’élèvent, avec ostentation, les appels au meurtre contre les militants des droits humains et se dissémine la culture de la haine, sans susciter la moindre réaction du gouvernement, encore moins de l’appareil judiciaire. 

Partout sur terre, l’islam et les musulmans se retrouvent bafoués, chosifiés, sommés de rejoindre le camp de la barbarie, sous peine d’excommunication, voire d’élimination physique. L’ultime religion monothéiste, synthèse de l’histoire confessionnelle, vecteur d’une civilisation de progrès et d’une tradition de tolérance, vieille de plusieurs siècles, est désormais l’otage des assassins. Contre ceux-ci, quand ils sévissent en France, chez nous et ailleurs dans le Monde, nous sommes venus, d’abord, exprimer, notre solidarité avec les familles des victimes, leur tenir notre part de compassion islamique et rappeler, surtout, le devoir de résistance à ce nouveau nihilisme, par les moyens de la raison et de l’éthique universaliste. Il s’agit, plus que jamais, d’une bataille des idées, qui sollicite les mots et le courage de les dire.

Aussi, réclamons-nous, en Mauritanie, l’abolition de la peine de mort, des peines attentatoires à l’intégrité du corps et la dépénalisation, totale, des délits d’opinion et de conscience ; dans l’immédiat, nous demandons, au gouvernement, la libération et la protection des personnes poursuivies pour leurs idées, ainsi qu’une réponse - juste et honnête - aux revendications d’égalité et de réparation, contre l’impunité, l’insécurité, la violence, le racisme, l’esclavage et le système de castes.

Nous renouvelons, ici, notre hommage à la grandeur de la démocratie en France lorsqu’elle respecte ses valeurs, malgré la circonstance tragique et refuse, alors, de se rabaisser au niveau de l’obscurantisme.

 

Nouakchott, le 13 janvier 2015

 

 

Organisations signataires

Association des Femmes Chefs de familles (AFCF)

Association Mauritanienne des Droits de l’Homme (AMDH)

Association Mauritanienne pour la Promotion de la Langue et de la Culture Soninké (AMPLCS)

Association pour la Promotion de la Langue Wolof en RIM

Association pour la Renaissance du Pulaar en RIM (ARPRIM)

Association pour le Renforcement de la Démocratie et de l’Education Citoyenne (ARDEC)

Comité de Solidarité avec les Victimes des Violations des Droits Humains en Mauritanie (CSVVDHM)

Groupes d’Etudes et de Recherches sur le Démocratie et le Développement Economique et Social (GERRDES)

Ligue Africaine des Droits de l’Homme (section Mauritanie)

Ligue Mauritanienne des Droits de l’homme (LMDH)

Regroupement des Victimes des Evénements de 1989-1991 (REVE),

Collectif des Veuves,

Collectif des Rescapés Militaires

SOS–Esclaves.

Association d’Appui au Développement à la Base des Communautés,

Association pour le Développent Intègre de l’Enfant (ADIE)

Initiative de Résurgence du mouvement Abolitionniste de Mauritanie (IRA)

Conscience et Résistance (CR)

El Hor