La Mauritanie conclut un accord préalable avec le FMI : Plus de 82 millions de dollars dans la cagnotte

16 November, 2022 - 16:42

Les services du FMI ont conclu un accord préalable avec la Mauritanie pour un programme économique et des mesures de réformes appuyées par un accord triennal, au titre de la Facilité Elargie de Crédit (FEC) et du Mécanisme Élargi de Crédit (MEDC) du FMI, pour un montant total de 64,4 millions de DTS (environ 82,75 millions de dollars).

Le programme de réforme économique des autorités appuyé par le FMI vise « à préserver la stabilité macroéconomique », estime-t-on, et « à renforcer les cadres de politique budgétaire, monétaire et de gouvernance, à consolider les bases d’une croissance durable et inclusive et à réduire la pauvreté ».La croissance économique s’est accélérée et devrait atteindre, avance-t-on, 5,3% en 2022, principalement tirée par les secteurs extractifs, ainsi que par la bonne performance de l’agriculture et de la pêche. L'inflation devrait se stabiliser à environ 11 %, en réponse à la politique monétaire restrictive conduite par la Banque Centrale de Mauritanie (BCM).

Du 31 Octobre au 11 Novembre 2022, une équipe du FMI dirigée par monsieur Félix Fischer s’est entretenue à Nouakchott avec les autorités mauritaniennes sur les progrès des réformes et les priorités de politique économique des autorités, dans le contexte d’un programme économique appuyé par le FMI et au titre des consultations de l’article IV. À la fin de la mission, monsieur Fischer a déclaré  que«les services du FMI ont conclu avec les autorités mauritaniennes un accord ad referendum sur un programme de réformes économiques pouvant être appuyé par un accord triennal au titre de la Facilité Elargie de Crédit (FEC) et du Mécanisme Élargi de Crédit (MEDC). Cet accord est subordonné à l’approbation de la direction et du conseil d’administration du FMI, prévue en Janvier 2023. Au titre de l’accord, la Mauritanie aurait accès à un crédit du FMI d’un montant de 64,40 millions de DTS, soit environ 82,75 millions de dollars, sur une période de 39 mois […].

 

Préserver la stabilité macroéconomique

[…] Le programme de réforme économique de la Mauritanie soutenu par le FMI vise à préserver la stabilité macroéconomique, à consolider les bases d’une croissance durable et inclusive et à réduire la pauvreté. Le programme comprend trois piliers : tout d’abord, l’amélioration du cadre budgétaire de moyen terme, afin de maintenir la viabilité budgétaire, réduire progressivement l’endettement du pays, lisser la volatilité liée aux ressources du secteur extractif et protéger les dépenses sociales; en deux, le renforcement des cadres de politique monétaire et de change, le développement des marchés monétaires et de change en vue d’une meilleure maîtrise de l’inflation et d’une plus grande résilience de l’économie mauritanienne aux chocs exogènes ; et, en trois, des réformes structurelles visant à renforcer la gouvernance, la transparence et le secteur privé, en améliorant le climat des affaires et l’inclusion financière.[…]

[…]  Les perspectives restent très incertaines avec des risques élevés. Les tensions dans la région du Sahel, la guerre en Ukraine, les sanctions contre la Russie et la récession mondiale ont intensifié les défis économiques de la Mauritanie et aggravé les pressions inflationnistes. Ceci a affecté à leur tour les soldes budgétaires et extérieurs de la Mauritanie, principalement en raison de la hausse des prix du pétrole et des denrées alimentaires. Néanmoins, la croissance économique s’est accélérée et devrait atteindre 5,3 % en 2022, principalement tirée par les secteurs miniers, l’agriculture et la pêche. L'inflation devrait se stabiliser à environ 11 % après la récente politique monétaire restrictive conduite par la Banque Centrale de Mauritanie (BCM). Le solde primaire budgétaire hors dons devrait être déficitaire de 2,2 % du PIB, contre un excédent primaire de 0,8 % enregistré en 2021, tandis que la dette publique extérieure devrait se maintenir à environ 43 % du PIB en fin 2022. Les réserves brutes devraient s’établir à environ 1,5 milliards de dollars (soit 5,1 mois d’importations hors industries extractives) ».

Et de conclure : « L’évolution mondiale pourrait affaiblir les exportations et les recettes extractives et augmenter davantage les prix des importations, élargissant ainsi les besoins de la balance des paiements, lesquels pèseraient sur les réserves internationales et les perspectives budgétaires. La flambée des prix internationaux des produits de base et des crises climatiques plus fréquentes pourraient alimenter davantage l'inflation, accroître l'insécurité alimentaire et compromettre la reprise économique. De nouvelles vagues de la pandémie du COVID-19 demeurent également un risque. Les politiques budgétaire et monétaire prudentes devraient donc continuer afin de maintenir la stabilité macroéconomique. »

 

Diminuer la hausse des prix et renforcer la réserve en devises

De son côté, le gouverneur de la BCM, monsieur Mohamed Lemine ould Dhehby, a précisé lors d’une conférence de presse que la présente intervention du FMI en Mauritanie intervient dans un contexte caractérisé par les crises sanitaires, alimentaires et climatiques mondiales qui rend le déficit monétaire un enjeu majeur à l’échelle internationale. Et de souligner par ailleurs que la moitié du montant dont bénéficie la Mauritanie dans le cadre de la Facilité Elargie de Crédit (FEC) et du Mécanisme Élargi de Crédit (MEDC) du FMI pour un montant total de 64,40 millions de dollars provenant des Unités de Tirage Spéciales (UTS) sera consacrée aux recettes. Ce qui permettra de diminuer la hausse des prix, et renforcer la réserve en devises.

Quant au ministre des Finances, monsieur Isselmou ould Mohamed M’Badi, il a souligné que l’accord conclu entre la Mauritanie et le FMI prévoit la mise d’un programme économique qui s’étend sur une durée de 39 mois. « Il s’agit d’un soutien aux politiques économiques du pays. […] En vertu de ce programme, un certain nombre de mesures ont été prises dont l’amélioration de la justice fiscale pour intégrer le secteur de l’informel dans l’assiette fiscale. »

Synthèse Kaw Thierno