Mal de crâne

25 December, 2014 - 09:05

Le Conseil Représentatif des Associations Noires (CRAN) de France fait à nouveau parler de lui. Sous le titre « Mauritanie, esclavagisme, séquelles, solutions », il vient en effet de publier le rapport de sa visite à Nouakchott, du 23 au 26 Septembre 2013, « à l’invitation des autorités locales », comme le précise ingénument le sous-titre du document. On se pose la question : cette invite désigne-t-elle simplement la dite visite ou inclut-elle, également, la publication du rapport dans la conjoncture actuelle ?

Le CRAN croit utile de préciser, dans une note adjointe, que l’opportunité de cette tardive publication n’a été fournie que par celle du « rapport 2014 de la CNUCED (Conférence des Nations Unies sur le Commerce et le Développement), [portant] sur un certain nombre de pays, parmi lesquels figure la Mauritanie ». Il est certes vrai que l’esclavage contient, traditionnellement, une dimension commerciale mais, comme le soulignaient si bien les divers interlocuteurs qu’avait rencontrés le CRAN, entre deux méchouis et autres aimables festivités – toujours « à l’invitation des autorités locales », bien entendu – la loi mauritanienne y a formellement mis fin. C’est une certitude : on n’achète ni ne vend plus, en Mauritanie, la moindre personne humaine, sinon en grand catimini et aux risques des foudres procuriales.

Exit donc le commerce. C’est d’ailleurs l’argument-béton des négationnistes. Reste le développement, objet concomitant de la CNUCED. Quoique la conférence se proposât, plutôt, à examiner les relations entre celui-ci et le commerce, on accordera, au CRAN, l’allusion à ce que la pauvreté, dommage collatéral du commerce et ferment de la perpétuité des séquelles de l’esclavage, était au moins à la périphérie des discussions de la CNUCED. Le rapport du CRAN n’en dit pas moins. Ni pas plus. Binta, neuf ans, ne va pas à l’école. Elle n’en a pas le temps. Elle pourvoit aux petites tâches ménagères que la nombreuse famille de Mohamed ould Mohamed ne saurait assurer, faute d’éducation de ses nobles menottes. Mais sa maman reçoit bien dix mille ouguiyas, chaque mois. Mohamed ould Mohamed est très strict là-dessus. A défaut d’une éducation manuelle, il en a reçu une excellente religieuse.

Bref, monsieur Louis-Georges Tin, le distingué CRAN dont vous assurez, avec tant de talent et de plume, la présidence, saura-t-il convaincre nos partenaires internationaux, notamment l’UE, assez agaçante avec ses récriminations très circonstanciés – Ah, la pêche ! – contre le confinement des agitateurs à Rosso ? Les assurer de l’inexistence de l’esclavage en Mauritanie et de nos efforts, surhumains, à en éradiquer les séquelles ? Vous avez-mal à la tête ? Binta, va lui chercher un comprimé de paracétamol à la boutique !

 

feylili