Dialogue politique : Le compte à rebours ?

24 June, 2021 - 01:27

Selon des sources concordantes, le compte à rebours du dialogue politique tant attendu par la classe politique et l’opinion publique nationale pourrait commencer sous peu. Après moult concertations et hésitations même, le président de la République va rencontrer les acteurs de la majorité et de l’opposition pour y mettre les dernières touches et décider enfin de la formule et du format du conclave. Dialogue ou concertation, périodicité ou chronogramme, contenu…

Cette volonté attribuée au président de la République interviendrait au terme des missions et ateliers du parti au pouvoir à l’intérieur du pays. Cela fait des mois que l’UPR parcourt en effet les différentes wilayas pour échanger avec ses militants et sympathisants sur les recommandations du dernier congrès ordinaire de leur parti tenu en Décembre 2019 et les divers thèmes à débattre lors dudit dialogue. L’unité nationale, la cohésion sociale et la gestion du parti ont dominé les interventions pendant ces rencontres, quasiment copies conformes de celles de la précédente décennie, tant par les visages présents que les louages portées au pouvoir. La différence, c’est l’abord sans détours des sujets qui fâchaient hier. On attend maintenant l’atelier national de synthèse de ces missions et recommandations.

 

Réanimation de la scène politique

Le dialogue sera-t-il l’occasion pour le gouvernement de se dépêtrer, quelques semaines durant, du dossier de la décennie qui n’a cessé de polluer les deux premières années de la présidence Ghazwani ? Ould Abdel Aziz occupe l’arène politique depuis son inculpation et sa mise sous contrôle judiciaire strict. Non seulement il attaque de front le gouvernement de son successeur mais il tente aussi de rallier le peuple à sa cause, un peuple qui espérait de vrais changements après dix ans d’un pouvoir personnel et centralisé, aujourd’hui accusé de corruption et qui se défend en retournant le grief contre son successeur. Après avoir adhéré au parti de Saad Louleid, ancien transfuge de l’IRA, l’ex-Président met à profit ses déplacements à la DGSN pour se plaindre de ce que ses droits les plus élémentaires sont violés. « On empêche les citoyens de m’accompagner », peste-t-il auprès de l’opinion qu’il espère émouvoir.

Côté opposition, les acteurs politiques qui avaient exprimé leur solidarité au pouvoir face à la COVID 19 ont fini par sortir de leur réserve. Ils lui reprochent de n’avoir pas entrepris des réformes attendues par le peuple mauritanien, alors que les prix des denrées de première nécessité ont repris leur valse. Et, surtout, pas question de laisser Ould Abdel Aziz occuper le terrain et de se positionner en alternative ! Le dernier à monter au créneau aura été Tawassoul, première force politique de l’opposition. Mettant fin au modus vivendi consécutif à l’élection d’Ould Ghazwani et au COVID 19, le parti islamiste a musclé son discours. Dans son dernier communiqué diffusé voici quelques jours, suite à la réunion de l’Assemblée de la Choura, il déploré l’attitude du gouvernement face à l’insécurité galopante à Nouakchott, avant d’exiger la tenue rapide d’un dialogue inclusif et de garantir la participation de tous les acteurs politiques. Suspecté de proximité avec le président Ghazwani, au lendemain de son élection, Tawassoul a fini par s’éloigner du pouvoir, poussant son ancien président à se désolidariser de la nouvelle ligne politique du parti. Pour Jemil Mansour, le contexte politique actuel commande retenue et mesure à tous les acteurs politiques.

Rappelons que l’opposition avait mis en place une commission pour préparer ledit dialogue et concocté une feuille de route à soumettre au pouvoir, souhaitant dans la foulée que le président de la République fasse en personne l’annonce solennelle du débat. En attendant celle-ci, on continue à spéculer et surtout suivre le feuilleton Ould Abdel Aziz, entrecoupé du décompte macabre des crimes et autres actes de violences urbaines, en particulier à Nouakchott. Ce n’est pas très sain…

                                                                                            Dalay Lam