Foire Internationale de l’Agriculture du Nord (FIAN) de Diama : La SEMAF en vedette

8 June, 2021 - 13:14

Organisé cette année pour la première fois par la Société de Gestion et d’Exploitation de Diama (SOGED, une filiale de l’OMVS), du 4 au 6 juin 2021, la Foire Internationale de l’Agriculture du Nord (FIAN) a vu la participation de toutes les sociétés dépendant de cette organisation sous-régionale ainsi que de diverses autres opérant dans les domaines du machinisme agricole, du matériel d’irrigation et de la production agricole entre autres. Présidée par le Haut-commissaire de l’OMVS, en présence du secrétaire général du ministère mauritanien du Pétrole et de l’Energie, la cérémonie d’ouverture a été l’occasion, pour les officiels présents, après un bref échange d’allocutions, de faire le tour des stands. Un public nombreux a fait le déplacement  de Diama où se tenait l’exposition à 18 kms de Saint-Louis, malgré une chaleur accablante. Pour une première, ce fut incontestablement une réussite. Les responsables de l’OMVS étaient visiblement ravis surtout que les stands de leurs sociétés (SOGEM, SOGED, SOGENAV) ne désemplissaient pas.

Dernière-née de la panoplie OMVS, la Société d’Exploitation de Manantali et Félou (SEMAF) était attendue au tournant. C’est, en effet, la première fois qu’elle ‘’s’expose’’. Son stand refusait du monde (photo 1). Ses responsables étaient au four et au moulin. Ils distribuaient les brochures, donnaient des explications, répondaient aux sollicitations des visiteurs dont certains ignoraient jusqu’à son existence.  A une question d’un journaliste, un ingénieur, dépêché pour la circonstance, expliquait, détails à l’appui, comment se fait l’entretien des lignes électriques mises à rude épreuve par l’érosion et l’humidité ainsi que celle des postes fixes, autrement plus facile. Un autre donnait des détails sur la production électrique des différents sites et comment elle est dispatchée entre les différents pays de l’organisation. Une machine apparemment bien huilée au grand bonheur des sociétés nationales qui bénéficient ainsi d’une énergie propre et à bas coût. Après Manantali (5 groupes Kaplan de 41 MW chacun) et Félou (3X20 MW), le barrage de Gouina (140 MW) commencera à son tour à produire sous peu. Un challenge que les responsables de la société, forts de leur expérience, s’apprêtent à relever. Créée ex nihilo, il y a à peine sept ans, la SEMAF  a pu s’acquitter de sa mission malgré les difficultés inhérentes à ce genre d’activités. Grâce à une équipe multidisciplinaire, issue des pays de l’organisation, elle a remplacé au pied levé la société sud-africaine Eskom qui gérait cet aspect au profit de la Sogem. Et la transition s’est passée en douceur.

 

Challenge relevé

Filiale de la société de Gestion de l’Energie de Manantali (SOGEM), la SEMAF a démarré ses activités le 1er juillet 2014. Elle a pour but d’assurer l’exploitation, l’entretien et la maintenance des ouvrages de Manantali et Félou et de tout autre ouvrage commun qui lui auront été confiées par la Sogem ainsi que la production et le transport de l’énergie électrique à partir des installations mises à sa disposition. Elle est aussi chargée de la facturation de l’énergie électrique et du recouvrement des créances qui y sont rattachées. L’un de ses  principales missions est donc d’assurer la continuité du service de fourniture d’électricité pour les pays de l’OMVS. C’est pourquoi, depuis sa nomination à la tête de la société M. Bâ Yahya accorde une importance particulière à la sauvegarde des installations. C’est ainsi qu’après le sauvetage financier, depuis le début de cette année 2021, il a été procédé à :

-La réparation de deux réactances barres de 225 KV 20MVar de Matam qui déséquilibraient l’ensemble du réseau. L’une des réactances est déjà mise en service et impacte sur la régulation de la tension dans tout le système ;

-La réparation en cours de la réactance ligne du poste HT de Dagana qui participe significativement au déséquilibre du système Ouest depuis 3 ans ;

-Le remplacement des chaines d’isolateurs en verre trempé par des isolateurs siliconés achetés plusieurs centaines de millions  depuis 3 ans et en souffrance depuis Ce qui apportera des améliorations notoires au secteur le plus fragile du RIMA (lignes Nouakchott-Tiguent) qui subissait depuis une décennie de fréquentes interruptions du service public d’électricité avec des préjudices énormes aux populations de Nouakchott et à la Somelec ;

-Le sauvetage des pylônes à l’entrée de Nouakchott et d’autres sur la ligne Sélibaby-Gouraye qui menacent de s’effondrer à chaque hivernage avec le risque de discontinuité du service durant plusieurs mois ;

-Le raccordement de la base vie de Félou au Réseau Interconnecté de Manantali (RIMA) permettant ainsi d’économiser près d’une centaine de millions par an

Le nouveau directeur s’est également attelé à la mise en place d’un Plan d’Urgence Technique pour sauver les équipements vitaux et rattraper la maintenance en souffrance depuis une quinzaine d’années, la reconstruction en cours des stocks de sécurité (fournitures et équipements qui étaient pratiquement à zéro) ainsi que la professionnalisation de la société avec un manuel de procédures, un organigramme optimisé, une certification et labellisation qualité (en cours), la mise en place d’une comptabilité analytique pour optimiser les  ratios de gestion (en cours) et, enfin, l’acquisition d’équipements d’intervention rapide pour minimiser les temps d’intervention.

Sur le plan social, le directeur général a mis un point d’honneur à ce que tous les emplois soient maintenus, tout en maintenant et en renforçant les avantages sociaux des travailleurs. L’instauration du dialogue et de la concertation avec les travailleurs ont abouti à un accord permettant de garantir dans la durée la poursuite de la politique de rigueur et de bonne gestion ans la paix sociale interne. Une centaine d’emplois ont même été créés et la mise en place d’une RSE (Responsabilité Sociétale de l’Entreprise) a permis de réaliser plusieurs activités et projets au grand bonheur des populations locales.

A l’heure où l’OMVS s’apprête à effecteur des changements à la tête de toutes ses structures (à commencer par le Haut-commissariat), en vertu du principe de rotation entre les pays consacré par la pratique, la SEMAF, qui a connu un début difficile, affiche une bonne santé. Celui qui héritera du poste, si son actuel Dg n’est pas maintenu, peut d’ores et déjà se frotter les mains.

                                                                                                   De notre envoyé spécial à Diama

                                                                                                  Ahmed Ould Cheikh

 

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Encadré 1

Le barrage de Manantali

MANANTALI est situé sur le Bafing à 90 Km au sud-est de BAFOULABE en République du Mali. Les travaux de construction de cet ouvrage ont démarré en juin 1982. Le certificat d'achèvement (réception provisoire) a été délivré à l'entreprise le 31 mars 1988 ; le certificat d'entretien (réception définitive) a été délivré courant 1990. Les dépenses relatives aux travaux de construction du barrage se sont élevées à 150 milliards de F.CFA et équivalents Le projet énergie qui a suivi a coûté, sur la base des fonds engagés jusqu’en décembre 1995, la somme de 220 milliards de FCFA.

De par sa conception, MANANTALI est un barrage régulateur, hydroélectrique permettant en combinaison avec le barrage de DIAMA:

*La production annuelle de 800 GWH d'énergie électrique garantie 9 an sur 10

*L’irrigation de 370.000 ha le long de la vallée, donnée conforme au manuel du barrage et confirmée par le directeur de production de la SEMAF 

*La navigabilité du fleuve Sénégal de St-Louis à AMBIDEDI et tout au long de l'année.

 

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Encadré 2

Le barrage de Félou

 

Le barrage hydroélectrique de Félou, situé à une quinzaine de kilomètres de Kayes (ouest du Mali), construit par le groupe chinois Sinohydro Corporation, a une capacité de l’ordre de 60 MW. Le projet, dont le coût s’est élevé à environ 221 milliards de FCFA (près de 25,7 millions d’euros), a été financé par les quatre pays de l’OMVS, l’Association internationale pour le développement (IDA) et la Banque européenne d’investissement (BEI). Ses installations se composent d’un barrage-seuil de de 2 mètres de hauteur sur 945 mètres de largeur, d’ouvrages de tête ou prises d’eau, d’un canal d’amenée, d’une centrale au fil de l’eau (30X20MW-turbine bulbe et un poste HT de 225 KV) et d’une ligne HT 225 KV Félou-Kayes