Autour d’un thé : Partis, Ong et journaux cartables

20 August, 2020 - 00:59

Ma tête est complètement nouée. Il y a le président de la République. Il y a l’ex-Président. Les amis de l’un et de l’autre. Avec beaucoup d’intersections entre eux. Il y a la Commission d’enquête parlementaire, la police des crimes économiques et financiers, du vrai n’importe quoi avec achats de parti et vente de mandat de député. Vraiment des choses qu’on ne peut voir qu’ici, en ce pays où chacun fait, dit et croit ce qu’il veut. Il y a les dizaines de Toyota Hilux, V8 blindées, camions directement venus d’on ne sait où ! Des comptes tout ronds cachés/volés comme ça. Des milliards gelés. Mais avec tout ça… Il n’y a rien. Que des rumeurs. Encore des rumeurs. Après, on va faire rebelote et passer à autre chose. Comme si de rien n’était. Comme cette affaire de la Banque centrale dont on ne parle déjà plus. Comme cette affaire du projet Vaincre dont l’héroïne s’est fait oublier, en attendant une très probable résurrection. Comme beaucoup d’affaires normalement très graves dont les voleurs (excusez-moi auteurs…) devraient croupir maintenant en cachot de 2x2 m, alors qu’ils se baladent toujours en luxueux 4x4. Les deux présidents : le nouveau et l’ancien, deux amis de plus de quarante ans ; ça veut dire quoi ? Monsieur l’ancien. C’est quelle insinuation, ça ? Que vous avez tout fait ensemble jusqu’à la dernière présidentielle? Que vos chemins ont commencé à se séparer à cause de vos amis civils ? Ou des conclusions du rapport d’une certaine commission d’enquête ? Sinon de la malveillance des adeptes d’un certain courant « frériste » ? Les Arabes disent : « C’est dans les difficultés qu’on reconnaît les frères ». Il y a quand même deux choses que je voudrais comprendre. D’un, cette histoire du ministère de l’Intérieur. Tantôt très souple. Tantôt très rigide. Je m’explique. Ils sont combien, les partis politiques légalisés ? Des centaines voire un millier, dont 98% de cartables totalement vides. Les autres considérés en partis « normaux » … « Ella », il  ne faut pas trop tirer. Elles sont combien, les organisations de la Société civile ? Quelques milliers dont 99% ne sont que des portefeuilles sous les aisselles de quelques femmes ou sacoches endossés par quelques hommes dont « les chameaux des chaussures sont coupés ». Ils sont combien, les journaux ? On ne sait pas. Des partis, des organisations, des journaux : vendables, buvables et mangeables. Il était où le ministère, lorsqu’un député vendit, au su et vu de tout le monde, son mandat ? De deux, comment un probable voleur de biens publics (je ne perds pas de vue la présomption d’innocence) peut-il continuer à administrer ? Il est vrai qu’il vaut mieux laisser courir un malfrat que condamner un innocent. Mais quand – ô musulmans d’Allah ! – les gens, qu’ils soient de la décennie d’Aziz ou du début du quinquennat d’un autre, auront-ils un tout petit, juste un tout petit, brin de conscience et de dignité qui leur fasse honte ? Pour ne pas dire n’importe quoi. Pour ne pas faire n’importe quoi. Mais – ô musulmans d’Allah ! –  ce que nous entendons, ce que nous lisons dans les télévisions, radios, réseaux sociaux, journaux et pages Facebook ou Twitter, des choses dites ou écrites par des gens « décennaux » qui étaient encore là hier à nous enquiquiner avec des imbécilités genre troisième mandat, finir les projets commencés, référence et président fondateur, qui a nourri contre la faim et sécurisé de la peur… Ô musulmans d’Allah, voler les ressources du peuple est quelque chose de très grave dont les auteurs doivent répondre impitoyablement de leurs actes. Mais entre cela et mépriser les citoyens, en les prenant pour des imbéciles, des moins que rien et des clochards à qui l’on peut raconter, sans aucun égard, n’importe quoi, il n’y a pas grande différence. C’est pour quand, une commission parlementaire de redressement et de moralisation des mœurs ? Et une police pour la répression des crimes d’hypocrisie, d’imbécilité et de saloperie ? Salut.     

Sneiba El Kory