Trois questions à Abderrahmane Ould Mohamed Saleh, président de la Fédération des Consultants Arabes et Africains: «La présidence de la FCAA est une grande fierté pour notre pays»

20 November, 2014 - 01:59

Le Calame : Vous venez d’être élu président de la FCAA. Pouvez-vous nous présenter, en quelques mots, cette organisation ?

Abderrahmane Ould Mohamed Saleh : La FCAA est La Fédération des Consultants Africains et Arabes. Elle a été fondée en 2009, par cinquante-six sociétés d’études africaines et arabes réunies à Nairobi, à l’initiative de la BADEA. Elle vient partiellement combler le vide laissé par la Fédération des Consultants Africains (FECA) qui était appuyée par la BAD et qui a représenté, pendant deux décennies (80 et 90) les consultants africains, avant de cesser, malheureusement, toute activité, au début des années 2000.

Globalement, la FCAA poursuit les objectifs suivants : promouvoir la coopération entre consultants africains et arabes ; promouvoir les normes d’éthique et de responsabilité sociale dans la pratique des services du conseil par ses membres ; faciliter l’échange des technologies et des connaissances entre consultants africains et arabes ; assister ses membres dans l’amélioration et le développement de leurs compétences professionnelles ; renforcer et augmenter la part des consultants africains et arabes dans le marché mondial des services du conseil ; fournir les informations sur les opportunités liées  aux projets  financés par les institutions de développement dans les pays africains et arabes ; promouvoir la coopération avec d’autres associations locales et internationales, dans l’intérêt de ses membres.

Des objectifs, très importants, comme vous pouvez le constater, qui requièrent une organisation conséquente. C’est pourquoi la FCAA est dirigée par un comité exécutif qui comprend un président et six vice-présidents, chargés, chacun, de tâches spécifiques, couvrant tous les domaines susdits.

 

- Qu’est-ce qui vous a poussé à briguer ce poste ?

- Je suis, d’abord et avant tout, membre fondateur de la FCAA. J’ai régulièrement assisté à toutes les réunions organisées depuis 2009 et, grâce aux relations que j’ai pu tisser et développer, avec les uns et les autres, plusieurs collègues et amis m’ont vivement incité à me présenter à ce poste, voyant en moi un homme de consensus, ce qui correspond, en réalité, à ma nature et à ma volonté de rassembler. En même temps, je porte un véritable idéal d’intégration arabo-africaine et je crois beaucoup au travail d’équipe et à la solidarité, pour faire face aux différents défis actuels.

Au delà de ces vœux, je crois fermement à la nécessité de s’organiser, afin de se tailler une place dans le marché du consulting en Afrique et dans le monde arabe, aujourd’hui en constante évolution. Comme vous le savez, l’Afrique a aujourd’hui le taux de croissance économique le plus élevé au Monde et les perspectives sont plus que prometteuses, en dépit des difficultés circonstancielles  (Ebola, terrorisme, etc.). Le marché du consulting constitue, actuellement, près de 8 % du volume global des investissements en Afrique, ce qui est énorme, et, à ce jour, la part des consultants africains reste bien en deçà de ce qu’elle devrait être, même si elle est en constante évolution. L’expertise et le savoir-faire existent bel et bien mais demeurent méconnus ou souvent ignorés.

Les Bureaux africains et arabes sont aujourd’hui en mesure d’apporter les mêmes réponses, de réaliser les mêmes études, aves les normes de qualité requises, que les bureaux occidentaux. Et pourtant, notre volume d’affaires, en 2014, est bien inférieur à la part captée par les bureaux occidentaux. Attention : je ne suis pas entrain d’établir une opposition aux relents nationalistes, entre Africains et « méchants » Occidentaux, mais je pense, sincèrement, qu’après cinquante ans d’indépendance, on doit avoir notre part, pleine et entière, dans le marché africain, notre marché naturel. Et c’est là ou des organisations comme la FCAA peuvent être d’un grand apport.

J’ai l’ambition, au cours de mon mandat de promouvoir davantage, avec le bureau exécutif, le consulting africain et arabe auprès des bailleurs de fonds et, via les organisations nationales, auprès de nos différents Etats, afin d’améliorer la participation de nos sociétés dans les différents projets qui seront financés. J’ai aussi l’ambition d’élargir davantage notre fédération vers des zones insuffisamment couvertes aujourd’hui, comme l’Afrique du Sud et l’Afrique Australe. Nous sommes entrain de travailler, actuellement, sur un plan d’actions qui va traduire, en mesures concrètes, toutes nos ambitions et qui sera adopté, incha Allah, au cours d’un comité exécutif au mois de janvier 2015. Je vous promets plus amples informations à l’issue de cette réunion.

 

- Concrètement, que peut apporter votre présidence à la Mauritanie ?

- Ecoutez, je pense, d’abord, à la fierté d’avoir un mauritanien à la tête de cette fédération. Je ne crois pas que la Mauritanie ait dirigé beaucoup de fédérations socio-professionnelles depuis l’indépendance. Cela devrait aussi attirer l’attention sur l’existence de plus en plus grande de ressources humaines qualifiées dans notre pays, en plus de ses richesses naturelles. A l’élection, en 2009 à Nairobi, de mon prédécesseur, monsieur Ziani, de nationalité marocaine, vous ne pouvez pas imaginer l’honneur qui lui a été réservé chez lui. Ce qui explique, du reste, que toutes nos assemblées générales à Rabat – siège de la FCAA – aient été ouvertes par au moins deux des plus importants membres du gouvernement marocain. Ce fut encore le cas de l’AG du 4 novembre dernier qui fut ouverte par le ministre de l’Equipement, du transport et de la logistique et la ministre déléguée chargée de l’Eau.

Je pense également que cette fonction importante fera connaitre davantage notre pays dans le monde du consulting africain et arabe. L’expertise mauritanienne compétente est quelque peu ignorée. Je souhaite une meilleure collaboration avec les pouvoirs publics, afin qu’ils fassent davantage confiance au savoir-faire mauritanien et, au-delà, africain et arabe, pour le développement du pays. On organisera sans doute une assemblée générale à Nouakchott. Pour le reste, je suis tenu, de par mes fonctions, à traiter tous les pays sur un pied d’égalité.

En conclusion, on peut dire que c’est une forme de reconnaissance pour tous les efforts que j’ai fournis, depuis vingt ans, à mettre en place une société de conseil reconnue et respectée mais c’est, aussi et surtout, une grande fierté pour la Mauritanie : croyez-moi, il y a bien d’autres pays qui voulaient obtenir cette présidence.

 

Propos recueillis par AOC