Mieux vaut un guewam qu’un jeyab. C’est grand principe économique national. Qui veut dire quoi ? Tout simple, tout beau : que le gardien vaut mieux que le buteur ; que maman qui garde, gère et administre, vaut mieux que papa qui cherche, trouve et emmène. Emmener, c’est bien. Garder, c’est mieux. C’est comme ça que le gouvernement réfléchit. Quand le Président, le ministre de l’Argent et les autres disent que l’argent est là, superposé, liasses sur liasses, dans les caisses nationales, c’est en référence à ce principe-là. Il faut savoir argent garder et bien garder. Sauf force majeure, il faut garder l’argent au fond des caisses, au fond des cœurs. Le gaspillage n’est pas bon. Si c’était possible de calculer combien d’ouguiyas les gouvernements ont dépensés, en élections, en termes de campagnes électorales : tentes, soirées dansantes et chantantes, motivations à notables et autres, voitures, carburant et autres extras, pour amuser et égayer la galerie, puis en organisation de référendum comme celui de OUI et NON, celui de l’enclenchement du processus démocratique en 1991 ou tutti quanti consultative, combien d’argent tout cela ferait ? Des milliards de milliards de milliards partis pour un oui ou pour un non ? Ce n’est pas sérieux. Et dire, ensuite, qu’on aime le pays ? Comme ça, quand on s’acharne à gaspiller si inutilement son argent ! Pour arriver au même résultat, en plus ! Regardez un peu. Prenons l’exemple de maintenant. Comme quoi celui qui veut mentir éloigne ses témoins. Prenons aujourd’hui pendant qu’on y est. Organisation d’un référendum populaire, pour faire passer, comme une lettre à la poste, les amendements constitutionnels issus du dernier dialogue de Septembre/Octobre derniers. Dépenses : impressions de bulletins de vote OUI ou NON ; nombreux voyages, en jets privés, pour négocier équipements électoraux et commissions ; affectations de budgets aux wilayas, pour perdiem des membres des bureaux de vote, carburant et PGA (manger) des forces nationales de sécurité ; urnes pour voter ; campagnes pour apprendre, aux gens, à dire OUI, au cas où ils auraient l’intention de dire NON ; mobilisation des cadres (ministres, conseillers, généraux, hauts fonctionnaires, griots, journalistes, notables, troubadours, désœuvrés, etc.) ; ouverture de la boîte à Pandore, pour que OUI OUI au lieu de NON NON. Résultat : 99% de OUI contre 1% d’opposants.
Organisation d’un référendum parlementaire, c'est-à-dire où seuls les députés votent. Dépenses : Vers trois cents terrains, là-bas, vers le centre émetteur ; sinon, un peu plus loin, derrière vers le nouvel aéroport, sur cette vaste terre d’Allah. Un grand dîner présidentiel, pour faire avaler un grand OUI massif, avec force morceaux de viande tendre et appétissantes gorgées de boisson fraîche, plus possibilité – à ne pas rater ! – de parler DIRECTEMENT à PF (Président-Fondateur) lui qui reste, des fois, des mois caché. Quelques petites rencontres express, avec le ministre des Finances, pour quelques députés, sénateurs et autres grands électeurs qui font, de temps un temps, un peu les malins à rappeler qu’on les oublie. Résultat : 99% de OUI contre 1% d’opposants. Entre l’organisation d’un référendum populaire, pour que l’instituteur de Nbeïket Lahwach, le petit boutiquier de Termesse ou l’agent de la SNDE de Chami votent, pour dire juste Oui ou Non, et poser la même question aux représentants nationaux de tout le peuple, pour arriver à la même chose, à bien moindres frais, il ne devrait pas y avoir photo. Mais il faut être économiste : c’est Oui comme ça ; c’est Oui comme ci ; comme ça coûte 2000, comme ci, 200. Moi, je n’hésite pas. Je prends comme ci contre comme ça. Comme ça, on réussit, enfin, à faire quelque chose de concret avec la terre. Comment ? Très simple. L’aéroport international de Nouakchott, c’est fait avec quoi ? Avec de la terre. Ne me dites, surtout pas, que c’est évident. Le prochain référendum qui va faire valider les amendements constitutionnels, c’est avec de la terre, puisque c’est elle qui a permis de « ouiwiyiser » les députés. CQFD et salut !